La guerre est finie, la vraie, celle qui ravagea la Bosnie Herzégovine de 1992 à 1995, et fit près de 100.000 victimes, une guerre “d’épuration ethnique” dont l’idéologie est loin de s’être éteinte en Europe aujourd’hui.
Alors que les combats viennent de cesser, une équipe d’humanitaires déambule dans les montagnes isolées, pour continuer à aider une population hébétée par tant d’horreurs, au milieu de villages dévastés par la guerre, parfois entre voisins. Regards sur la guerre vue par des européens nantis, qui cherchent vainement dans les détails des rapports humains les causes de la tuerie, et qui nous renvoie à notre propre impuissance de spectateur.
Certes il n’y a pas l’humour ravageur face à la guerre d’un M.A.S.H. ou d’un Catch 22, mais le récit, entrecoupé de musique rock’n roll, est ici moins distancié et nous fait ressentir crument l’espèce de blindage moral, mélange de désinvolture et de cynisme, que se fabriquent ces humanitaires pris entre les horreurs de la guerre et les tracasseries toutes militaires des casques bleus.
Alors certes le récit du film est un peu à la dérive, malgré son excellent casting multi-national à l’image des équipes humanitaires, mais il ne manque pas d’intérêt par les questions qu’il nous pose implicitement, sur notre rapport à une guerre qui se déroula si près de chez nous.
Une sorte d’avertissement…
Gérard Poitou
“A perfect day, un jour comme un autre”
un film de Fernando Lèon de Aranoa 1 h 46
avec Benicio del Toro, Tim Robins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja Stukan