Dès le début, la séquence au Salon de l’Agriculture, hormis la curiosité de tourner en situation réelle, s’enlise dans la déambulation de deux visiteurs lourdingues, de plus en plus avinés, et quand les deux compères se vautrent dans la paille avec les cochons, on commence à se dire que l’on s’est peut-être trompés de film. Et nous voilà partis pour une route des vins, cette fois en taxi avec un jeune chauffeur sentencieux, direction les cotes du Rhône (curieuse direction pour un film financé sur les deniers publics de feu la Région Poitou- Charentes), on se reprend à espérer que la question existentielle du film va prendre un peu de consistance: le fils va-t-il renoncer à l’élevage familial pour devenir vendeur à Jardiland ?
Las, le film empile une série de gags éthyliques totalement bâclés, où la provocation graveleuse enchaine des sketches dont le seul mérite est d’être à peu près aussi décousus qu’une conversation de poivrot en fin d’une journée un peu chaude… et ce serait bien prétentieux de voir dans ce ramassis de clichés et de caricatures une quelconque vision de la ruralité, une quelconque parabole sur la vie moderne, dans un film en manque total d’inspiration de ses scénaristes fainéants.
Et quelques femmes plus tard et pas mal de bouteilles éclusées, on sort de là avec la gueule de bois d’un film qui ne dépasse pas le gros rouge qui tâche, avant d’aller déguster un petit Côte du Rhône (avec modération !), pour se remettre de ce sinistre navet, dans le sympathique bar à vin pas trop loin du cinéma (il y en a forcément un !).
GP
“Saint Amour” un film de Benoit Delépine et Gustave Kervern 1 h 41
avec Gérard Depardieu, Benoit Poelvoorde, Vincent Lacoste