L’affaire Cahuzac fit scandale au printemps 2013. On l’a un peu oublié ce brillant ministre du budget jurant « les yeux dans les yeux » ne pas posséder de compte en Suisse à l’Assemblée nationale, un gros mensonge qui a provoqué sa chute. Malgré des relevés bancaires très parlant, un enregistrement audio apparu au bon moment et pour finir les aveux de l’intéressé, il reste bien des zones d’ombre dans cette affaire qui arrive lundi devant les juges parisiens.
Révélée par Mediapart l’affaire qui, il y a trois ans, a fait grand bruit a conduit le très prometteur Jérôme Cahuzac, fraudeur et évadé fiscal à quitter ses fonctions. Jérôme Cahuzac comparait entre autre pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale.
Trous de mémoire
D’où viennent les fonds qui ont transité sur le compte suisse ouvert en 1992 et transféré en 2009 à Singapour ? Les juges ont bien constaté les mouvements mais n’ont pu en identifier la provenance en raison , disent-ils, de « l’ancienneté des faits de l’absence de témoins et de documents».
Une hypothèse domine cependant : l’argent proviendrait de prestations facturées à plusieurs labos pharmaceutiques. En échange de quelques centaines de milliers de francs, Jérôme Cahuzac aurait accepté de faire , pour eux, du lobbying auprès de décideurs politiques avec lesquels il avait établi des liens lors de son passage au Cabinet de Claude Evin, ministre de la santé à la fin des années 80 . Sans désigner les établissements payeurs, celui qui fut député socialiste du Lot-et-Garonne a reconnu avoir reçu ces rémunérations élevées pour des activités de conseil auprès des laboratoires. Entre le 23 décembre 1992 et le 13 mai 1993, près de trois millions de francs seront crédités en huit opérations sur le compte suisse de M. Cahuzac.
Dissimulations :
Jean-Luc Barré qui a des attaches en Lot-et-Garonne et est resté l’ami de Jérôme Cahuzac un livre, « Dissimulations » évoque « un trésor de guerre accumulé en sous-main par les rocardiens, ce qui n’aurait rien d’invraisemblable. Aucune loi n’encadrait encore le financement des partis ». Il s’interroge sur la véritable raison du mensonge. « Pourquoi a-t-il fallu douze ans pour dévoiler l’existence, connue depuis 2001, d’un compte aux origines mystérieuses ? Quel a été le rôle précis, dans cet engrenage des différents protagonistes du drame, son épouse,ses adversaires ? ». Un livre qui se lit comme un roman à énigme dont la solution sortira peut-être au procès.
F.C.
« Dissimulations »
Jean-Luc Barré (Fayard)
260 pages 18 euros