“Les premiers, les derniers”: tourisme en Beauce

dupontel lanners

C’est une sorte de film “carte postale” , certes on ne peut pas accuser le film (soutenu par la région Centre Val-de-Loire) de se livrer à la promotion touristique de la région, les quelques images superbes des plaines de Beauce, filmées en sous exposition et désaturation systématique des couleurs, avec un nappage continu et insistant de musique folk américaine pour surligner la référence permanente au genre cinématographique entre road movie et western, les cartes postales panoramiques donc, sont rapidement remplacées par la visite de tous les lieux les plus glauques du coin, entre ruines de l’aérotrain, restaurant de routiers à l’abandon, lotissements désertiques et autres usines en friches.

Pour sûr, le décor de ce western-betteraves vaut le détour et nous rappelle que l’on peut vivre dans une région, sans finalement voir les beautés et laideurs qui peuplent  notre environnement, mais l’apparition de nos deux chasseurs de prime, Cochise (l’apache) et Gilou (le belge), se résume vite à une série de rencontres improbables dont le caractère aléatoire dissout tout ressort dramatique. Entre Jésus (le vrai, dit-il), le macchabée oublié, les teigneux autochtones et ce couple de jeunes handicapés, Esther et Willy, dont la caricature confine au mépris, rien ne fait sens dramatique, et dès que la fiction pourrait s’épaissir, le flm esquive la situation en passant à d’autres personnages  jockers, dont la cohérence narrative est de plus en plus  mince.

A vrai dire,les états d’âme de nos deux pieds nickelés, à la recherche d’un téléphone portable volé de la plus haute importance, nous laissent plutôt froids, dans cette vision simpliste et misérabiliste de la marginalité, avec cette galerie de personnages venus de nulle part, sans passé ni avenir, vecteurs d’un pessimisme humain sans appel.

Et l’apparition de Mickael Lonsdale, en jardinier voltairien, nous donne toute la profondeur philosophique du propos, dans une réplique inoubliable:
“Vivre ce n’est pas simplement respirer !

Gérard Poitou

“Les Premiers; les Derniers”    un film de Bouli Lanners  1 h 38

avec Albert Dupontel, Bouli Lanners, Suzanne Clément

 

lonsdale

 

Commentaires

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  1. Vous êtes bien sévère. Pour ma part, j’ai aimé ce film. Certes, comme bien des western, il a des aspects un peu simplistes, mais il y a dans ses héros beaucoup d’humanité. Les images de ciels et de nuages sont superbes. La couleur ou plutôt le manque de couleurs (elles ne reviennent qu’à la fin), contribuent à donner une atmosphère tout à fait particulière.

  2. Gérard tu n’as pas été tendre pour ce film … Mais dans cet univers pessimiste il y a quand même un petit espoir sur l’Humanité représenté par ce couple d’handicapé qui vont retrouvé leur enfant … Carte Postale de la Beauce surtout l’été mais là à part la rame de l’Aéro-Train on à l’impression d’être a n’importe quel endroit en France du Nord.
    Ce qui a surprit ce réalisateur Belge sur la région c’est qu’on trouve toujours des vestiges du passé (Vielle gare, vieux hangars etc…) En Belgique tout est systématiquement rasé …

  3. Au contraire d’Alain et Josie, je trouve Gérard très gentil. Je suis sorti au bout de 20 minutes et, déjà, ce fut trop de temps perdu pour un tel exercice de surplace complaisant et misérabiliste.

    Francis

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