Le Festival Printemps et Cinémas de la Méditerranée est comme chaque année l’occasion de mieux connaitre la culture de ces pays, si loin si proches, qui bordent trois continents autour de notre mer commune.
Et ce jeudi soir, le film “Les Terrasses”, projeté en présence du réalisateur Merzak Allouache (connu en France dès les années 70 pour son film désopilant sur la jeunesse algéroise “Omar Gatlato”), offrait une description assez sombre de la vie algéroise contemporaine.
Tourné dans le magnifique décor escarpé de la baie d’Alger, le film entrelace cinq récits sur cinq terrasses des différents quartiers du vieil Alger, récit rythmé par les cinq appels à la prière d’une journée et d’une nuit.
Dans cet environnement sonore et visuel, sourd une violence, mafieuse, religieuse ou sociale, qui envahit des rapports humains marqués par la déchéance, la folie et l’enfermement. Ces belles terrasses qui s’ouvrent sur l’espace infini de la mer apparaissent rapidement comme des prisons à ciel ouvert où se jouent des drames, que rien ne cache pour celui qui veut voir, à ses risques et périls, comme il advient à une équipe de télévision un peu trop curieuse. Ces cinq récits chargés de paraboles, comme ce vieux combattant enchainé dans une armoire qui sera libéré par la seule enfant du film, dresse un dur tableau de l’Algérie d’aujourd’hui qui, comme l’explique le réalisateur, reste dans un état de souffrance psychologique intense après les années de violence extrême que ce pays a connu durant les années 90, la “décennie noire”.
“Nous voulions refaire le pays, c’est la pays qui nous a refait...”
Ce film est un constat sévère d’une société qui ne parvient pas à retrouver une paix civile et où la violence gangrène tous les rapports sociaux, jusque dans les revendications les plus élémentaires. Et de cette tragédie algérienne, Merzak Allouache tire un film poignant, dont la beauté est ce qui nous reste d’espoir…
Gérard Poitou
“Les Terrasses” un film de Merzak Allouache 1 h 31
En deuxième partie de soirée, le festival proposait le film “Les Shebabs de Yarmouk” qui raconte la vie d’une bande de copains dans le décor lunaire de l’un des plus grands camps de réfugiés du Moyen Orient, dans la banlieue de Damas en Syrie. Que faire à vingt ans dans cet univers où toutes les portes sont fermées et que l’avenir ne s’inscrit que dans un deuxième exil vers des pays comme le Chili.
La description très sensible de la vie de ces jeunes palestiniens est d’autant plus émouvante qu’aujourd’hui le camp de Yarmouk a fait l’objet de combats intenses avant d’être occupé par les djihadistes de l’ Etat Islamique. Les victimes civiles de cette nouvelle tragédie humanitaire palestinienne se comptent par centaines dans l’indifférence générale… (voir le Monde)
“Les Chebabs de Yarmouk” un film de Axel Salvatori-Sinz 1 h 18
Tout le programme du Festival Printemps et Cinémas de la Méditerranée: ICI
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