Jean Zay à la Sorbonne: “l’injustice n’a qu’un temps”

Il est des cieux qui participent à l’émotion d’un pays et s’associent aux hommages qu’il rend. Sur Paris en cette après-midi du 26 mai 2015 le ciel arborait un gris bleu très doux, une demi-teinte qui seyait  au cortège funèbre traversant la capitale en empruntant  le chemin  de la libération de 1945.

Le journaliste torturé par la Gestapo, Pierre Brossolette, la fondatrice d’ATD Quart-Monde Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l’ethnologue Germaine Tillion toutes deux déportées à Ravensbruck, et le ministre du Front populaire Jean Zay, assassiné par la milice, quatre figures de la seconde guerre mondiale en route pour le  Panthéon où elles  entreront  mercredi 27 mai.

Aux environs de 15h30, escorté par la Garde républicaine à moto le cortège a quitté la porte d’Orléans  puis  a remonté l’avenue du Général Leclerc jusqu’à la place Denfert Rochereau Sur son passage les passant s’arrêtaient, saluant les dépouilles recouvertes d’un drapeau tricolore d’une respectueuse minute de silence spontanée.

A 16 heures, place Camille-Jullian la Mairie de Paris a tenu à rendre un hommage personnel à ces deux femmes et à ces deux hommes qui ont eu le courage de dire non à l’Occupation et aux lois de Vichy. Des chants des lectures de textes qui ont beaucoup ému Hélène Mouchard-Zay ont ponctué cet arrêt. Puis, à 16h30  le convoi est reparti par le boulevard Saint-Michel en direction de la Sorbonne. Après la traversée de Paris, les cercueils ont fait leur entrée dans la prestigieuse cour d’honneur de l’antique université.

Jeunesse et monde universitaire associés

Un à un, les cercueils sont entrés dans la cour d’honneur de la Sorbonne, portés par des gardes républicains. Par ordre alphabétique, Jean Zay le dernier. Une assistance fournie  a attendu debout qu’ils soient installés sur un catafalque devant la chapelle construite en 1563 sur les ordres de Richelieu et dans la crypte de laquelle en 1948, le corps retrouvé de Jean Zay a passé une nuit avant d’être inhumé à Orléans. A gauche, les premiers rangs étaient réservés aux familles, celle de Jean Zay au grand complet occupait le tout premier. A droite la ministre de l’Education  nationale, la maire de Paris, le préfet de police, le gouverneur militaire de Paris, le recteur et le préfet de région les représentants  des deux assemblées. Derrière eux, de nombreux  membres de l’université , les présidents d’université en toge violette, les professeurs de droit en toge rouge, les représentants des sciences humaines en toge jaune,  les économistes en toge amarante.

Jean Zay

Jean Zay

Sur l’estrade,  sous  les  portraits des quatre combattants croqués par Ernest Pignon-Ernest avaient pris place des élèves  des lycées parisiens  Racine, La Fontaine, Claude Monet et Abbé Grégoire  qui préparent à des bacs littéraires et musique. Dans ce haut-lieu du savoir, symbole de la transmission et de la culture deux lettres de Jean Zay ont été lues par le ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem. La première datait de 1940 lorsqu’il vient d’être condamné à la dégradation militaire et à la déportation. Il y  affirme que « L’injustice n’a qu’un temps » ce que démontre pleinement la reconnaissance de la nation. La suivante était sa dernière lettre de 1944 peut avant son assassinat. Dans l’une et l’autre  il revendique « un esprit libre que personne ne peut enchainer » e dans la seconde se dit « sur de son destin ». Un texte de chacun des entrants a été lu , tous disent leur combat et leur refus  de l’humiliation. Des choristes  et des instrumentistes  lycéens ont enchaîné les interprétations  musicales conformément au voeu de François Hollande qui  avait souhaité associer la jeunesse à cette  célébration. On ainsi retenti chanté par des voix jeunes et fort belles, le chant des partisans, la complainte des partisans, « Nuit et Brouillard » de Jean Ferrat, le « Pie Jesu » extrait du requiem de Gabriel Fauré ,  «  l’Affiche rouge » de Léo Ferré et bien sur « La Marseillaise ».

La cérémonie officielle s’est terminée à 19h.  A commencé alors l’hommage du monde universitaire Le monde universitaire, une veillée  avec des chants et des lectures,  ouverte au public  et prévue pour prendre fin  à 21h30.

F.C.

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