“Trois souvenirs de ma jeunesse”, l’amour qui fait mal !

mathieu amalric

C’est un très beau film sur l’amour que nous livre ici Arnaud Desplechin avec, bien sûr , ce Paul Dedalus qui reste un emprunt récurrent dans ses films, citation du héros autobiographique de James Joyce. Comme dans le “Portrait de l’Artiste en Jeune Homme”, Arnaud Desplechin explore le labyrinthe mental qui construit l’humain en racontant une jeunesse qui se veut à la première personne. Mais qui est ce Dédalus, dont on apprend qu’il a lui-même un double homonyme ?

Ces trois souvenirs, d’une très inégale durée dans le déroulement du film, vont tenter de répondre à l’énigme de Dédalus… Il y a d’abord cet étrange rapport à la folie de sa mère dans l’enfance, et puis cette histoire rocambolesque de voyage à Minsk et la rencontre avec les refuzniks juifs d’une URSS que l’on a quelque peu oubliée, deux souvenirs inégalement  développés (et dont on ne sait pas trop quoi faire dans la suite du film, mais y-a-t-il une causalité entre les événements d’une vie ?) pour ouvrir l’histoire centrale du film .

“Ton visage porte les traits de la signification du monde !” Dedalus à Esther

trois souvenirs

Le troisième souvenir c’est un amour de jeunesse, un premier amour romantique et romanesque, tout aussi banal que volubile, avec autant de dialogue que de chair pour nous raconter cette longue déchirure entre deux êtres assoiffés de vie et d’envie, avec cette naïveté si sérieuse quand on n’a pas encore vingt ans. Et puis il y a ces deux comédiens (Lou Roy-Lecollinet dans le role d’Esther et Quentin Dolmaire en Dedalus, étudiant en anthropologie), chacun si parfaitement dans son personnage entre lyrisme, drôlerie et tragique, découverts et dirigés par un réalisateur qui fait exploser le talent de deux jeunes comédiens dans cette subtile et futile description d’une passion de jeunesse.

Jusqu’à cette scène finale où Dedalus (Mathieu Amalric) explose de souffrance en rentrant en France après vingt ans d’errance lointaine et sentimentale, pour retrouver le souvenir de son amour dévasté et nous balancer sa douleur en pleine figure en nous regardant droit dans les yeux, devant un mur étrangement bleu… Pathétique !

Gérard Poitou

“Trois souvenirs de ma jeunesse” un film d’Arnaud Desplechin  2 h 00

avec Mathieu Amalric, Lou Roy-Lecollinet, Quentin Dolmaire

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=NitKlHjpTg4[/youtube]

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