Les conseils municipaux pourraient utilement s’inspirer de l’Assemblée nationale et instaurer des “questions d’actualité”, pas au gouvernement, mais au maire et à ses adjoints. Et les traiter en début de séance ce qui permettrait aux éventuels manifestants de se coucher plus tôt! Et éviterait, comme lundi soir à Orléans, les chamailleries qui ont préludé à un débat sur le thème d’actu chaude sur le Relais orléanais.
Une quarantaine de manifestants, silencieux, debout dans les travées du public avait revêtu les affreux gilets jaune fluo et brandissait à l’attention du maire des feuilles ainsi rédigées “citoyen untel, je soutiens le Relais”. Cette protestation pacifique entendait s’élever contre la baisse de subvention de la principale association “sociale” d’Orléans avec ses 80 bénévoles, ses 560 000€ de subventions ces cinq dernières années, (la ville qui ne finance que 16% du budget) et ses 40 000 repas comme l’a rappelé Alexandrine Leclerc (UDI) qui n’avait pas la partie facile.
Galvanisée par cette manif, l’opposition a d’emblée demandé au maire de débattre du point chaud dès l’entame. Problème, l’homme qui était à la barre du navire municipal lundi n’était pas le maire mais son “remplaçant” Olivier Carré, tout juste sorti des cérémonies d’hommage à Jean Zay! Or, c’est bien Serge Grouard, en personne qui avait fait mis le feu aux poudres en estimant que le Relais orléanais “encourageait l’immigration illégale”. Olivier Carré renvoyait la patate chaude au point numéro 27, en fin de conseil, et l’assemblée déclina alors de manière singulière des communications sur les joies qu’il y a à vivre à Orléans, ses animations, sa culture, ses événements…!
Traverser la Méditerranée
Jean-Philippe Grand
“On sait que les besoins n’ont jamais été aussi importants et c’est ce moment que vous choisissez pour réduire la subvention” commença Jean-Philippe Grand (EELV). “Dire que le Relais orléanais encourage l’immigration c’est pitoyable” et alors qu’il évoquait la tragédie de ces étrangers en détresse –“personne ne traverse la Méditerranée” pour un repas au Relais orléanais, l’élu écologiste, qui a ces dossiers de l’immigration au cœur a craqué. Effondré, en larmes, il a du interrompre son intervention.
Pour le groupe d’opposition, c’est Marie-Emmanuelle Matet de Ruffraye qui a développé l’argumentaire sur cet “instrument incontournable de la politique sociale de la ville” sous toutes les municipalités, “s’il n’existait pas il faudrait l’inventer”. A tel point que Serge Grouard lui-même a donné de sa réserve parlementaire. “Opposer action sociale et humanitaire n’a aucun sens… le rôle du Relais c’est d’accueillir toute personne qui se présente” a plaidé Mme Matais. Cette décision de baisser la subvention municipale de 18% s’explique-t-elle par une volonté de “ratisser complaisamment dans les allées de l’extrême droite…?“. Faut-il y voir encore une “vengeance sur le dos des plus faible” parce que l’ancien président était sur la liste d’opposition aux municipales?
Politique de l’autruche
Pour le Front de gauche, Dominique Tripet a demandé au maire de “revenir sur cette décision” en soulignant que 20 000€ c’est le salaire d’un des joueurs de l’équipe de basket. Pour la majorité, Florent Montillot, redevenu adjoint à la sécurité a rappelé le contexte de “bagarres” et les “pétitions” fréquentes des riverains. “Pas de politique de l’autruche, c’est la réalité” et il s’est tourné vers l’Etat pour “qu’il assume ses responsabilités” vis-à-vis des sans papiers, déboutés du droit d’asile. Plus prudemment, Alexandrine Leclerc s’est appuyé sur un rapport du Relais lui-même disant que “le nombre de demandeurs d’asile pèse sur le fonctionnement de l’association.” Un million d’euros avaient même été prévus par la ville pour la reconstruction du Relais mais il n’y pu y avoir d’accord sur la durée du bail.
Olivier Carré a estimé que “l’association ne peut plus faire face à sa vocation initiale” et que serge Grouard a “perdu confiance en la structure”. Au final, le maire adjoint UMP qui avait en préambule rappelé les origines de réfugiés de sa famille maternelle a proposé qu’un dialogue se noue avec d’autres associations locales pour la prise en charge des demandeurs d’asile et prennent ainsi en partie, le …relais du Relais.
Ch.B