On peine à s’intéresser à cette peinture qualifiée d’artistique tant ces visages d’enfants aux regards exorbités nous semble d’une ringardise absolue, même si parait-il, Andy Warhol s’y est intéressé avec son gout habituel de la provocation. On peut tout juste parler d’escroquerie aux droits d’auteur mais sans doute pas d’escroquerie artistique, et ce n’est pas la mièvrerie de l’artiste qui revendique son “identité” qui nous convainc un tant soit peu du contraire.
Et pourtant le film de Tim Burton ne manque pas d’intérêt (narratif celui-là) dans ce personnage de l’escroc, un Christof Waltz flamboyant, superbe pervers narcissique, dont la description est quasiment un cas d’école.Tout est dit sur la psychologie hallucinante du “héros”, qui de mensonges en tricheries s’enferme dans un déni de la réalité qui le convainc lui même de son talent artistique…
On s’interroge toujours sur l’acceptation par les victimes de leur propre mise sous tutelle par de tels individus sans scrupule, l’espèce d’anesthésie psychologique qui permet cette prise de pouvoir illimité. Et méfiez-vous, lorsque la réalité lui résiste, le pervers narcissique devient dangereux, très dangereux, voire criminel, et comme le conseillent les psy, devant ce type de personnes, une seule issue: la fuite, que finira par choisir sa victime dans le film.
Dommage que l’artiste, la vraie, soit aussi insipide, style oie blanche dans son statut de femme américaine bien peu émancipée des années 50, laissant par trop la part belle à un mari d’une intelligence stupéfiante !
La situation dramatique aurait sans doute gagné à être mieux équilibrée.
Gérard Poitou
“Big Eyes” de Tim Burton 1 h47
avec Amy Adams, Christoph Waltz
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