Orléans modèle de démocratie participative ?

Juillet 2014 : la mairie d’Orléans-Nord invite les riverains d’une rue à se réunir pour voir ensemble comment améliorer le stationnement sur cette voie. C’est bon de se sentir associés aux décisions, même si la réunion a lieu dans la rue, sur le trottoir, dans le brouhaha de la circulation. Il ressort de cet échange que deux problèmes sont liés : stationnement et vitesse excessive.

15 Janvier 2015 : nouvelle invitation à se réunir, cette fois dans la salle du conseil municipal, pour une « concertation concernant le stationnement et la circulation ». Presque toutes les invitations ont été mises dans les boîtes aux lettres le 14… mais « c’est juste un problème de logistique ».

En début de réunion l’adjoint au maire « pour la circulation et le stationnement », indique qu’à la fin de cette rencontre une décision sera prise ensemble et fait état de trois projets élaborés à partir des échanges de Juillet 2014. Chacune de ces propositions implique le rétablissement de la circulation dans les deux sens pour tous les usagers, (une rue souvent empruntée à des vitesses excessives et où il y a eu un accident mortel).

Les riverains font une quatrième proposition qui évite l’augmentation de trafic et donc le risque supplémentaire d’accident limitant l’usage de la deuxième voie aux véhicules de service et riverains. Cette proposition est réalisable techniquement et ne crée pas de difficultés pour le projet de stationnement. L’adjoint répond par des objections peu pertinentes, puis accuse les riverains d’être égoïstes, de vouloir privatiser la rue, s’approprier le bien public (la voie est interdite aux usagers depuis 20 ans). Les riverains demandent un vote : 2/3 votent pour la 4ème proposition, 1 seul vote contre et 1/3 estime ne pas avoir d’avis, ayant leurs propres parkings d’immeubles.

Et là soudainement pour l’adjoint, les habitants présents ne sont plus assez nombreux pour que leur vote soit valable (le nombre n’a pas varié pendant la réunion) et que leur proposition soit retenue. C’est là renier ce à quoi il s’était engagé et il déclare qu’un courrier sera envoyé prochainement aux riverains portant uniquement sur le choix de circulation dans deux sens ou un seul sens, le choix du type de stationnement dépendant selon lui de la première réponse.

Cette façon de se comporter avec les citoyens montre alors le vrai visage de la démocratie à la mode et c’est loin de ressembler à Marianne qui trône dans la salle: ou vous êtes d’accord avec nous les décideurs et tout va bien, on fait comme nous l’avons décidé, ou vous avez des avis différents qui nous gênent et on divise (ici en scindant deux problèmes liés) pour mieux régner et on vous retire la représentativité qu’on vous avait donnée : c’est un peu le fait du prince !

L’équipe municipale d’Orléans, qui se félicite si souvent dans le bulletin municipal (on est jamais si bien servi que par soi-même) d’être démocratique, proche des administrés, à l’écoute de leurs problèmes ; de leurs suggestions semble bien, là encore, jouer du pipeau « cause toujours c’est moi qui décide » et ce pour leurs intérêts politiques (ici, la présence de deux représentants de la mairie de Fleury les Aubrais semble indiquer qu’ils sont aussi intéressés par le passage en double sens).

A suivre…

FT

Commentaires

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  1. Malheureusement, c’est souvent vrai, mas pas toujours pour les raisons que vous dites.
    J’ai participé plus de 10 ans aux “Comité de Pilotage du Quartier” puis aux fameux “CMA”, et j’ai vu plusieurs fois ce type de comportement étrange consistant à nier certaines évidences contrariantes…
    Mais il m’est arrivé également de voir l’avis des riverains adopté, ou l’intention initiale assouplie par leur action.
    La Politique est une chose compliquée à mettre en oeuvre. Elle n’est pas seulement décidée par les citoyens ou les élus. Il faut souvent compter aussi avec les idées bien arrêtées des “services municipaux” qui ont leurs propres critères techniques, et les réglementations parfois obsolètes qui obligent à des dispositions idiotes aux yeux des usagers. Notamment en termes de places de stationnement sur la voie publique.

  2. Notre rue, située dans le même quartier a également eu droit à une réunion publique en pleine rue, ou nous avons pu nous exprimer sur les mêmes sujets:
    stationnement sauvage, régimes moteurs excessifs (pas la vitesse, difficile de dépasser les 50 entre chaque intersection, sauf à avoir une voiture de sport).
    La deuxième réunion en mairie a eu lieu un fin d’après midi de semaine, donc impossible pour les salariés de s’exprimer, seuls les retraités ont pu donner leur avis.
    Au final, la mairie n’a rien aménagé, a simplement fait (mal) reboucher les nids de poule et imposé un stationnement alterné sans prévenir les riverains qui ont été dûment verbalisés dès le 16 du mois pour stationnement du mauvais côté.
    Au final, les véhicules ventouses (camping-car et utilitaires) ne sont pas verbalisés et les problèmes n’ont pas été résolus.
    En d’autres termes, nous avons été écoutés, mais pas entendus.
    Je vous souhaite bien du courage.
    Cordialement
    YLH

  3. L’invitation à la réunion publique distribuée dans les boîtes au dernier moment, il faut croire que c’est systématique. J’ai pu le vérifier à 3 reprises, avec toujours la même explication : problème de logistique. On peut ajouter aussi cet argument imparable : une réunion a été organisée, à l’initiative de la mairie, alors que ce n’était pas obligatoire !! Estimez-vous heureux.
    Au final, viennent ceux qui ont le temps, ou la possibilité de se libérer au dernier moment, soit une partie limitée de la population (disponible aussi les jours d’élection et peu encline à voter contre un gentil maire). Et je comprends en lisant cet article, que ceci permet surtout, face à une assistance limitée, de considérer soit qu’elle est représentative, soit qu’elle ne l’est pas, en fonction du sens d’un vote éventuel.
    Bref rien ne change. Mais tant qu’il y a des pavés en centre-ville, tout va bien.

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