Afin de confronter leurs pratiques et de préciser les enjeux de demain tous les acteurs de la chaîne alimentaire se retrouvent pour l’Open agrifood, jeudi et vendredi à Orléans. Mais certains ne sont pas convaincus et appellent à manifester !
« Du champ à l’assiette face aux enjeux de demain » : l’Open agrifood qui se veut à l’agro-alimentaire ce que Davos est à la finance se tient ces jeudi 20 et vendredi 21 novembre à Orléans. Le forum se veut « force de propositions pour une agriculture, une alimentation et une distribution responsables » où tous les acteurs présents « échangeront et co-construiront le modèle agricole et alimentaire de demain ».
Cette manifestation qui rassemblera de grands leaders internationaux a été construite par deux personnalités locales : Xavier Beulin, agriculteur dans le Loiret, président dela FNSEA, du CESR (conseil économique social et environnemental de la région) et industriel (Sofiprotéol, plus de 5 milliards de chiffre d’affaires) et Emmanuel Vasseneix le dynamique président des Laiteries de Saint Denis de l’Hôtel.
Derrière ces deux poids lourds du secteur, l’organisation intègre un comité scientifique présidé par Michel Griffon, agronome et président de l’Association internationale pour une Agriculture Ecologiquement Intensive ainsi qu’un comité d’éthique piloté par Philippe Vasseur, ancien ministre libéral de l’agriculture, ancien journaliste au Figaro et aux Echos et président du World Forum de Lille. Ce comité doté d’une charte d’éthique devra notamment garantir la diversité des points de vue abordés et leur « objectivité ».
Agriculture de demain
Tous les acteurs économiques de la chaîne alimentaire (semenciers, producteurs, transformateurs, transporteurs, distributeurs, restaurateurs et consommateurs) vont donc se retrouver pour échanger et débattre sur les grands enjeux de l’agriculture et de l’agroalimentaire. L’Open agrifood vise à devenir un rendez-vous annuel pour définir le modèle alimentaire mondial de demain et « initier la troisième révolution agricole et alimentaire autour des grands enjeux que sont les questions liées à la santé, la protection de l’environnement, l’innovation ». Pour les organisateurs « l’obligation d’analyser chaque question sur les plans sociétal, environnemental et économique impose à chacun de prendre du recul par rapport à ses propres convictions et de s’ouvrir au point de vue de l’autre ».
La ville investie
Pendant deux jours, la ville va être investie par des plénières, des ateliers et des rencontres autour de la CCI place du Martroi qui sera le cœur névralgique du forum également éclaté au Théâtre, dans des restaurants, au conseil régional, à l’Hôtel Dupanloup. Au total 24 ateliers seront proposés (quel modèle alimentaire pour demain ?, alimentation et biodiversité, bien être animal tout au long de la chaîne alimentaire…) mais aussi 7 ateliers sur les filières (sucre, volailles, viandes…), 9 colloques et deux plénières : « quel modèle alimentaire souhaitable, durable et juste pour les générations futures ? » en ouverture et « l’indispensable coopération entre tous les échelons de la chaîne agroalimentaire pour construire une filière d’excellence » en clôture. Une agora de l’innovation se tiendra également à l’Hôtel Dupanloup où seront présents tous les pôles de compétitivité nationaux intervenant dans ce secteur ainsi que les universités et laboratoires de recherches liés à l’agriculture et à l’alimentation. Un programme jeune a également été élaboré à destination des étudiants (concours d’innovation, speed dating, etc.).
Le gratin du secteur bien représenté
Pendant les 2 plénières internationales et les 9 colloques, le public pourra échanger avec des “poids lourds” de la chaîne agroalimentaire, comme Franck Riboud, président de Danone, Christophe Bonduelle, PDG de Bonduelle, porte-drapeau de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Les premières conclusions du plan stratégique Agrifood 2030 seront par ailleurs dévoilées par Erik Orsenna lors de la plénière de clôture. Ce plan Agrifood 2030 a pour objectifs de construire des filières agro-industrielles françaises durables et donner un nouvel élan sur les 15 années à venir.
Pas tous d’accords !
Pourtant cette ambition d’universalisme et d’objectivité de l’Open agrifood ne fait pas que des heureux. Ainsi 20 structures associatives agricoles, naturalistes, citoyennes (Nature Centre, Confédération paysanne, l’ARDEAR Centre, Attac, Terre de Liens, Accueil paysan, AMAP, Les Amis du monde diplomatique, MRJC . Slow Food..) vont exprimer jeudi leur refus du « modèle agricole industriel et mondialisé » que prône l’Open agrifood destiné à « verdir l’agrobusiness » et à promouvoir « une agriculture aux mains des industries agro-alimentaires, des banques, de la grande distribution qui ne considèrent les agriculteurs que comme des « producteurs » de matière première à bas coût ». Pour ces associations, le forum défend « une agriculture industrielle responsable de l’élimination des paysans, de la désertification des zones rurales, de la pollution de notre eau, de la destruction de la biodiversité et de la production d’aliments standardisés ». Ils en profitent pour dénoncer cette « opération de communication » qui a mobilisé « 250 000 euros de fonds publics ». Les associations appellent donc à un rassemblement jeudi midi devant le théâtre avec à 12 heures à la sortie de la 1ère plénière de l’Open agrifood) une procession funéraire avec un cercueil rempli de produits paysans « pour symboliser la mort de l’agriculture paysanne avec le développement de l’agriculture industrielle défendu par l’Open agrifood ». Un « apéritif festif et convivial » en présence de Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne nationale sera ensuite proposé pour « présenter nos projets pour l’agriculture et débattre avec les paysans et les citoyens sur les solutions d’avenir pour l’agriculture de demain ».
Jean-Jacques Talpin
Pour participer à l’Open : inscriptions en ligne sur www.openagrifood-orleans.org