L’Orléanais Antoine Volodine sacré Prix Médicis pour “Terminus Radieux”

Orléanais depuis trente ans, Antoine Volodine a été sacré mardi à Paris prix Médicis pour son dernier roman, “Terminus Radieux”.

“C’est splendide car c’est quelqu’un qui a une œuvre” nous a confié mardi soir Catherine Zay, créatrice des  “Temps modernes” la librairie orléanaise où Volodine venait présenter et signer ses ouvrages à leur parution. D’ailleurs, le 16 octobre dernier il était aux Temps modernes pour cet ouvrage qui lui vaut quinze jours plus tard le Médicis (au Seuil).

” Par ce livre, je poursuis une oeuvre je la couronne” a-t-il déclaré. Une œuvre commencée alors qu’il était professeur de Russe au lycée Jean Zay à Orléans où il vit toujours dans le quartier gare. A cette époque il écrivait des romans de pure science-fiction. C’est lorsqu’il a quitté l’enseignement pour se consacrer à l’écriture, en 1990, qu’il basculera dans un registre romanesque plus “classique”. Jérôme Lindon aux Editions de Minuit, lui conseillera avec bonheur cette évolution littéraire.

Catherine Zay: “Une langue dense”

Catherine Zay, décoré ici par l'ancienne ministre de la Culture, Aurélie Filipetti. Photo Patrice Delatouche

Catherine Zay, décoré ici par l’ancienne ministre de la Culture, Aurélie Filipetti. Photo Patrice Delatouche

Catherine Zay qui l’a reçu à des nombreuses reprises dans sa librairie et qui n’est pas étrangère à son succès, parle d’une “œuvre originale, un univers curieux avec une langue dense”. Farouchement discret, fuyant souvent les médias en particulier à Orléans où on le voyait peu, Antoine Volodine est décrit comme un homme (il a 64 ans) extrêmement sensible qui vit les événements politique de notre monde “avec une intensité sans pareil et qui les transcrit aussi avec une intensité sans pareil”.

D’un abord difficile pour le lecteur dans ses premiers romans, Volodine, peintre de la noirceur du monde, est devenu plus accessible au fil des livres. Ce prix Médicis est un sacre de trente années d’écriture pour un auteur contemporain qui pourrait maintenant s’ouvrir à un  public plus large. Le livre qui le consacre, “Terminus radieux” décrit l’univers d’un kolkhoze après l’apocalypse nucléaire dont les hommes hésitent entre vivants et mutants.

En réimpression à 40 000 exemplaires

volodine2“Par le passé, le Médicis a raté maintes fois l’occasion de récompenser Antoine Volodine”, a reconnu Anne Garréta, présidente du jury. “Cela a pris du temps, mais nous couronnons aujourd’hui une oeuvre et un grand écrivain.”

Tiré jusqu’à présent à 10.000 exemplaires, “Terminus radieux” va être réimprimé à 40.000 ainsi que les précédentes oeuvres de Volodine en poche.

Antoine Volodine, est le principal pseudonyme du romancier qui signe également Elli Kronauer, Manuela Draeger ou Luitz Bassmann, il est l’auteur d’une vingtaine de romans sous le nom de Volodine, dont “Des anges mineurs”, prix du Livre Inter en 2000.

A l’heure où la polémique fait rage à Orléans sur la place et le financement de la culture, un écrivain qui vit dans cette ville sans jamais la revendiquer, vient de lui offrir grâce à ce prix, un rayonnement national qui ne doit rien à personne. Sinon à ceux, comme ces libraires et ces éditeurs qui ont cru en son talent.

Ch.B

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