
Connaissez-vous Buzançais (Indre)? C’est un riant village de presque 5 000 habitants. Yvon Bionnier natif de Jeu-Maloches tout à côté, éprouve une tendresse particulière pour cette partie de l’Indre où il a passé son enfance et où il revient régulièrement. Il en connait les habitudes, les mœurs, la géographie, l’histoire et ses secrets, en particulier ceux que le temps estompe et sur lesquels la mémoire collective préfère garder le silence.
Yvon Bionnier est bibliothécaire au Sénat ., membre de l’équipe qui règne sur 370 000 volumes dont le chiffre augmente sans cesse, sur des collections de journaux, Le Figaro depuis 1893,Le Monde depuis son premier numéro le 19 décembre 1944 pour ne citer qu’eux et sur un certain nombre de manuscrits dont celui du discours de Victor Hugo au Sénat en mai 1876 prononcé lors du débat portant sur l’amnistie des Communards. Il connaît sur le bout des doigts cette bibliothèque dédiée depuis sa création au début du XIXème siècle à la politique, à l’économie, aux sciences sociales, à la géographie et à l’information, reliée grâce à la numérisation et à internet au monde entier.
Depuis quelques temps, Yvon Bionnier considère ces kilomètres de rayonnages avec un pincement au cœur : en Avril 2015 il prendra sa retraite. Alors, il se rendra plus souvent encore à Buzançais auquel il a consacré un ouvrage très remarqué et fort utile. Celui-ci rend compte de « La jacquerie de Buzançais », en France la dernière émeute provoquée par la faim, réprimée avec une extrême sévérité par le pouvoir royal et la classe dominante. George Sand, Victor Hugo, Gustave Flaubert, Karl Max s’en sont ému, faisant remarquer qu’il fallait qu’il se révolte pour qu’enfin le petit peuple, ce grand muet, dise ce qu’il ressent et souffre. Il est illettré, au travail dès l’enfance, payé à la journée une misère, pas du tout lorsqu’il n’y a pas de travail. Avec l’émeute de Buzançais c’est la vie quotidienne au milieu du XIXème siècle dans nos campagnes qu’Yvon Bionnier met sous nos yeux. 167 ans nous séparent de ce dramatique premier trimestre de 1847 car il ne faisait pas faim qu’à Buzançais. Les récoltes avaient été mauvaises pendant plusieurs années. Les céréales et les pommes de terre manquaient . Or, elles constituaient la quasi totalité de la nourriture quotidienne de la majeure partie de la population.
En prenant appui sur le livre d’Yvon Bionnier et sur l’interview qu’il a bien voulu nous accorder nous relaterons
Le 9 août : Les trois jours d’émeute à Buzançais.
Le 16 août :Le procès qui aboutit à trois exécutions, quatre travaux forcés à perpétuité, trois à 8 ans, onze à 5 ans.
F.C.