L’histoire de cette réconciliation entre ce grand-père et sa petite fille capricieuse est simple, simple comme le bonheur… bien sûr les esprits bien intentionnés reprocheront à ce film sa vision naïve d’une Chine partagée entre un monde rural idyllique et la ville moderne filmée en accéléré, mais cette fable de Phillipe Muyl, réalisateur belge, (“Cuisines et dépendances”) est touchante parce que justement, elle atteint une certaine intemporalité dans son propos, une philosophie du rapport entre les générations qui dépasse l’aventure initiatique de la petite fille et de son grand-père un peu poète, accompagné de son oiseau.
L’apparition du contrôleur dans le train, en grand uniforme, nous rappelle fugitivement que, si la Chine “populaire” n’est plus la dictature du prolétariat, elle reste la dictature du règlement, mais on oublie vite cette Chine et prenant le chemin des écoliers, nous découvrons la beauté des paysages chinois et ses villages ancestraux. Au delà de la carte postale, le symbole de ces arbres sans age, vénérés par les enfants, nous replonge dans cette civilisation confucéenne où le culte des ancêtres a tant d’importance: “Les feuilles mortes tombent toujours sur leurs propres racines…” nous enseigne le grand père. Alors si la Révolution culturelle avec son Petit Livre Rouge n’a pas pu déraciner ce fondement philosophique, la Révolution industrielle avec son iPhone détruira-t-elle ce lien si essentiel entre les générations ? Belle parabole de la petite fille qui décide d’échanger son iPad contre un oiseau à qui elle apprendra à chanter quand elle rentrera à la ville…
Gérard Poitou
“Le Promeneur d’Oiseau” un film de Philippe Muyl 1 h 40
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