Et Alain Resnais aura même réussi à nous distraire avec sa mort… D’abord, il y a cette mise en image qui se joue de nos illusions réalistes au cinéma, on passe, au gré du choix du réalisateur, de magnifiques paysages du Yorkshire (pourquoi le Yorkshire, sans doute juste parce que c’est beau!) à des décors dessinés en carton ou à des rideaux peints: tout le film flotte ainsi dans un espace irréel qui tient autant du cinéma que du théâtre. Ça tombe bien car justement ça raconte l’histoire de trois femmes, (car c’est d’abord aux femmes que s’intéresse Resnais), impliquées dans la répétition d’une pièce de théâtre avec un acteur malade et invisible qui les séduit toutes les trois…
Superbe mise en abime dont Resnais a le secret et qui lui permet de nous conter une fable sur le couple, la séduction, la jalousie, mais aussi la vieillesse et la mort avec une légèreté jubilatoire. Jusqu’à cette histoire d’horloge qui nous raconte le temps qui passe, Resnais maitrise la métaphore narrative avec un rare bonheur et dirige une bande d’acteurs fétiches qui donne à ce film testamentaire une vraie joie de vivre !
Comment mieux quitter la scène et la vie qu’avec un tel bijou d’humour, de créativité, de gravité aussi, et de désinvolture feinte ?
Gérard Poitou
“Aimer, boire et chanter” un film d’Alain Resnais 1 h 48
avec Sabine Azéma, Caroline Silhol, Sandrine Kiberlain
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x1ba65l_aimer-boire-et-chanter_shortfilms[/dailymotion]