Voila un film qui prend son temps, et sa lenteur est dense, dense de ce sentiment complexe qui unit un fils à son père (Bruce Dern, prix d’interprétation masculine à Cannes) en pleine déchéance, pauvre et alcoolique, dont se moque tout le voisinage et pour qui sa femme n’a qu’une compassion méprisante. Cette narration s’inscrit dans une image en noir et blanc, méticuleusement éclairée et cadrée et cette image crée un espace dramatique indispensable à la subtilité du propos. Parce qu’à voir la bande annonce, on pourrait croire à une mauvaise farce avec cette histoire de lettre-bidon annonçant à ce père sénile le gain d’un million de dollars…
Et le décor s’installe dans cette petite ville entre Nébraska et Montana au milieu de nulle part: la vie rurale qui suinte l’ennui, les relations sociales qui révèlent toute leur cruauté avec l’appât du gain, la famille minée par les rivalités et les non-dits…
Mais le regard du fils va lentement se déplacer pour découvrir qu’il ne peut pas vivre si près de la mort de son père avec le poids cette image dégradante. Et dans une fin forte en émotion, il va décider de sauver son père .
Gérard Poitou
“Nebraska” de Alexander Payne 1H 55
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