"Diplomatie", avec des si…

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“Diplomatie” relate l’épisode évoqué dans “Paris brule-t-il” de René Clément en 1966, mais loin du film de guerre épique, Schlöndorff revient sur ces événements sous la forme d’un huis clos, au QG allemand de l’Hotel Meurice, entre le général von Choltitz (Niels Arestrup) et Raoul Nordling (André Dussolier), le consul de Suède qui s’emploie à convaincre le général vaincu à ne pas mettre à exécution l’ordre de Hitler de raser Paris comme les nazis l’ont fait quelques semaines plutôt à Varsovie assiégée par les Soviétiques (qui ne lèveront pas le petit doigt pour sauver la résistance polonaise du massacre assuré). 

Mais en dépit des longues images d’archives du début, le parallèle est profondément inexact: les troupes allemandes de Von Choltitz n’ont déjà plus les moyens de destruction massive nécessaires, et accréditer l’idée d’une possible destruction totale et instantanée de Paris n’est qu’un “fake” (dont ne parle même pas Raoul Nordling, dans ses mémoires posthumes). Cette falsification de l’histoire décrédibilise singulièrement le caractère dramatique de la confrontation entre les deux hommes: dans un style très proche, le superbe film d’Edouard Molinaro “Le Souper” (1996) imaginait un dialogue entre Talleyrand et Fouché au lendemain de Waterloo, sans jamais franchir la limite de la vraisemblance historique.

Reste l’exercice diplomatique du Consul dans son pouvoir de persuasion face à un vieux général qui, au crépuscule du rêve de la grande Allemagne, ne peut génétiquement désobéir à un ordre, lui qui a détruit Sébastopol et a participé à des exécutions massives de juifs sur le front russe. (crimes pour lesquels il ne sera jamais inquiété…). Ce qu’explique dans ses mémoires Raoul Nordling, c’est que dès le printemps 1944, il perçoit chez ses interlocuteurs allemands que la peur a changé de camp: les officiers supérieurs ont compris que la guerre est perdue et que peut-être il va bientôt falloir rendre des comptes des crimes commis dans toute l’Europe. Alors que les allemands continuent jusqu’en aout 1944 à expédier des milliers de prisonniers vers les camps de concentration ou à les exécuter sur place lorsque cela n’est plus possible, Raoul Nordling va obtenir, en utilisant ses relations avec l’occupant, la libération de plusieurs milliers de prisonniers et leur sauver la vie. Il interviendra également pour un armistice controversé avec la résistance française qui permettra aux allemands de fuir une capitale quasi intacte.

Cette histoire-là, la vraie, eut été sans doute aussi intéressante à raconter que cette surenchère mystificatrice d’une apocalyptique destruction de la plus belle ville du monde (point de vue qui n’engage que moi…)

Gérard Poitou

Diplmatie de Volker Schlöndorff   1 h 24

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