C’est d’abord un film capillaire: l’arnaque, ça commence toujours par la coiffure, la moumoute pour Irwin Rosenberg (Christian Bale), le petit maitre arnaqueur, les bigoudis pour sa troublante amante et associée (Amy Adams) comme pour l’agent du FBI infiltré (Bradley Cooper), une blonde chevelure en pièce montée pour l’extravagante femme d’Irwin (Jennifer Lawrence), une banane elwisienne pour le maire corrompu (Jeremy Renner), la gomina pour le procureur… le coiffeur du film mériterait un Oscar ! Seuls, le chef du FBI et le chef de la mafia (Robert de Niro) ne bluffent pas, normal ils sont chauves…
Le ton est donné, “American Bluff” qui reprend l’histoire d’une opération montée par le FBI dans les années 70 pour appâter et confondre des politiciens corrompus (heureusement, ces pratiques sont interdites en France…), traite l’affaire avec humour et distanciation en évitant le trop sérieux du genre. Même si la leçon de “psychologie de l’intention” est un peu courte (“l’arnaque repose toujours sur l’envie de croire de l’arnaqué”), on ne s’ennuie pas dans ce traitement un peu délirant d’un sujet grave, avec une brochette d’acteurs qui rivalisent de culot et de naïveté dans cet imbroglio de poker menteur. Et cette multiplicité des acteurs permet à David O’Russel de multiplier les points de vue sur la narration avec un brio certain, le tout assaisonné d’une bande son année 70 qui ne pourra que plaire aux amateurs !
Gérard Poitou
Réalisation David O’Russel 2 h 17
Trois Golden Globes et dix nominations aux Oscars