« Jean Zay, c’est la République » a reconnu François Hollande qui a réhabilité l'Orléanais

 Jean Zay entrera au Panthéon le 27 mai 2015, lors de la journée nationale de la Résistance. Le président de la République l’a annoncé au cours d’une cérémonie marquant au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) le 70ème anniversaire de l’exécution en ce lieu de 25 résistants, 22 membres du groupe Manouchian et 3 élèves du lycée Anatole-Le-Braz de Saint-Brieuc (Morbihan), âgés de 19 ans à peine. L’Orléanais n’entrera pas seul dans ce haut lieu de mémoire de la République.

Il le fera en compagnie de Germaine Tillion, ethnologue et résistante, de Geneviève Anthonioz-de Gaulle résistante et ancienne présidente d’ATD Quart Monde, et de Pierre Brossolette, un journaliste et un intellectuel. Quatre résistants qui poursuivaient le même but et partageaient les mêmes idéaux que ceux qui sont tombés sous les balles nazis le 21 février 1944 en ayant refusé qu’on leur bande les yeux.

Comme il y a 70 ans le soleil était au rendez-vous. Sous la tente blanche dressée devant l’entrée du mémorial la foule qui s’était rassemblée entendait montrer son attachement à « un esprit, celui de la Résistance : cet esprit fait d’espoir, de confiance en l’humanité, cet esprit de grandeur et de dépassement de soi, porté par des hommes et des femmes ordinaires qui ont accompli l’admiration ».

C’est bien à une telle commémoration que les avaient conviés le chef de l’Etat. Outre une grande partie du gouvernement,de Robert Badinter qui fut à l’origine du monument en hommage aux 1010 fusillés identifiés du Mont-Valérien, de gaullistes historiques, il y avait les descendants des entrants au Panthéon dont les deux filles de Jean Zay, Catherine et Hélène, émues et heureuses que soient enfin reconnues par le Pays « les qualités, la droiture et l’œuvre de leur père ». Près d’elles se tenait Jean-Pierre Sueur, président de la commission des Lois du Sénat qui, alors maire d’Orléans, a beaucoup œuvré auprès de François Mitterrand pour qu’on donne enfin la place qui lui revient « à cet homme dont le message reste vivant ».

Les filles de Jean Zay avec Avelino Vallé qui a mené la cawmpagne en faveur de l'ancien député d'Orléans.

Les filles de Jean Zay avec Avelino Vallé qui a mené la campagne en faveur de l’ancien député d’Orléans.

Outre de nombreux anciens combattants, avaient également pris place dans la salle, une importante délégation arménienne dont Charles Aznavour venue rendre hommage à Missak Manouchian et deux classes du lycée Anatole-Le-Braz dont un garçon et une fille énoncèrent les noms des vingt-cinq fusillés du 21 février 1944.

Jean Zay, un combat pour l’émancipation humaine

« Jean Zay est tombé sous les balles des miliciens au lieu-dit du puits du Diable, dans l’Allier, en criant « Vive la France ». C’est ce cri prononcé par tant d’autres ici mêmes que nous devons entendre. La France, pour eux était bien plus que leur pays. C’était une idée. Des valeurs. Des principes au nom desquels ils étaient fiers de mourir. Et pour lesquels nous devons être fiers de vivre ». En clôturant son discours par ces phrases, François Hollande a rendu un vibrant hommage aux quatre « panthéonisés ». Il a engagé les générations actuelles et futures à poursuivre leur « combat pour jean zayl’émancipation humaine ». Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz- de Gaulle qui se sont toujours battues pour l’émancipation du peuple sont les deux premières femmes à entrer au Panthéon pour leurs qualités personnelles. Les deux seules femmes qui les ont précédées, Sophie Berthelot et Marie Curie, ont eu droit à cette reconnaissance en compagnie de leurs maris.

De Pierre Brossolette il a rappelé, « la liberté, liberté d’expression comme journaliste, liberté de pensée comme intellectuel, liberté d’action comme résistant ». Du radical de gauche Jean Zay, il a reconnu « la profonde empreinte sur le système éducatif et culturel français. On lui doit la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans et l’interdiction du port d’insignes politiques ou religieux à l’école. Jean Zay, c’est la République, l’école de la République », a-t-il dit.

François Hollande a tenu la promesse qu'il avait faite à Catherine et Hélène les deux filles de Jean Zay, ici lors de sa visite au lycée durant la campagne, avec Antoine Prost.

François Hollande a tenu la promesse qu’il avait faite à Catherine et Hélène les deux filles de Jean Zay (à gauche), ici lors de sa visite au lycée durant la campagne, avec Antoine Prost.

Sollicitées de toutes parts, les filles de Jean Zay ne pouvaient cacher leur très grande émotion à l’écoute des propos de François Hollande. « L’acte sordide qui a mis fin aux jours de notre père n’a porté en rien atteinte à son rayonnement. Il croyait tant en l’humanité, en ses valeurs, ses vertus, ses beautés. Son message reste toujours d’actualité. Enfin ! C’est bien, vraiment bien que l’Etat reconnaisse officiellement ce qu’il était et sa valeur ».

Jean-Pierre Sueur faisait remarquer sans le regretter, « la dépouille de Jean Zay va quitter le cimetière d’Orléans où nous nous sommes si souvent réunis pour nous souvenir de lui. Il restera dans nos cœurs et nous continuerons à nous rappeler, ce que l’on oublie trop souvent qu’il fut à l’origine du festival de Cannes, de l’ENA, du CNRS et du développement des bibliobus ».

Françoise Cariès

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