Gloria nous arrive du Chili où le film a connu un étonnant succès. Gloria (l’épatante Paulina Garcia, Ours d’Argent d’Interprétation féminine à Berlin 2013), la quinqua libérée, divorcée depuis longtemps, qui croque la vie à pleines dents, avec ses robes surannées et ses lunettes ringardes, a fait écho auprès du public chilien. Mais comme le dit son ami barbu, elle n’a pas connu la vie avant le coup d’état (1973), l’immense aspiration populaire qui portait le gouvernement Allende. Alors certes, elle jouit d’une liberté aujourd’hui retrouvée mais dans une société transformée par la fausse modernité d’un individualisme de la consommation. Signe des temps, elle croise une manifestation d’étudiants, drapeau rouge en tête, mais elle se noie dans une frénésie de cours de gym, de thérapies collectives et de boites de rencontres, fume des pétards et suit des amants d’un soir jusqu’au bout de la nuit…
Alors que penser de sa liaison avec cet amoureux minable, dans la banale incapacité de rompre avec son passé conjugal qui le poursuit par portable interposé ? Malgré les belles scènes d’amour de corps qui n’ont plus vingt ans, Gloria la rebelle, ne peut supporter l’équivoque et sa révolte la conduira à “tirer” sur ce personnage avant d’écouter “Gloria”, la chanson à succès d’Hugo Tonazzi…
Portrait d’une femme banalement contemporaine…
Gérard Poitou
Réalisation Sebastian Lelio 1 h 50