Le film démarre par la scène coup de poing d’une descente de police dans un squat, vidé sans ménagement de ses occupants, caméra très mobile se fixant sur quelques visages, lumière glauque, contre-jours et rattrapage de point, la scène est traitée façon reportage de terrain. Comme le reste du film d’ailleurs, dont l’image est souvent peu éclairée ou au contraire violemment contrastée, voire brulée, ce choix esthétique ne s’estompera que dans la scène du château familial qui baigne au contraire dans une lumière estivale très apaisée.
Mais revenons à cette scène initiale qui reste curieusement incompréhensible jusqu’à ce que l’on apprenne que notre gentil instituteur (Pierre Rochefort, le fils de son père et de la réalisatrice…) faisait partie des sdf délogés ce matin là. Et c’est bien dommage, parce que plutôt que de nous donner des indices par touches insignifiantes (il allume un pétard un soir, sa copine trouve une ordonnance de psy dans sa poche etc…), le film eut été mille fois plus dramatique si Nicole Garcia nous donnait dès le départ les clefs de son personnage d’instituteur, rejeté par sa famille bourgeoise pour troubles psychiatriques. Ce dévoilement progressif du héros nuit gravement à la fiction, et finalement, je crois que vous apprécierez d’autant plus ce film, si vous ne vous perdez pas dans la fausse piste du gentil instituteur heureux de son sort et qui s’encanaille.
C’est ce passé douloureux qui donne en fait, toute sa dimension à la relation amoureuse avec cette serveuse de bar à peine assez déjantée (Louise Bourgoin, qui trouve là un rôle à sa mesure). “Je t’aime parce que tu es triste” lui déclare-t-elle, mais notre instituteur-sdf va devoir affronter son passé pour sauver sa belle… S’en suit une scène, dans la propriété familiale, quelque peu manichéenne où s’opposent l’argent de ses frères grands bourgeois, et le beau dessein de l’instruction des enfants de notre héros…
Beaucoup de bons ingrédients pour un plat plutôt moyen !
Gérard Poitou
“Un beau Dimanche”
Réalisation Nicole Garcia 1 h 32
Avec Pierre Rochefort, Louise Bourgoin, Dominique Sanda