En sortant du cinéma, j’avais vraiment le sentiment de m’être fait avoir avec ce “Loup de Wall Street” qui nous égraine les poncifs les plus éculés sur le monde de la finance et ses courtiers véreux: drogue, sexe et belles bagnoles… Bien sûr, je ne m’attendais pas à trouver dans ce film une analyse un peu intelligente de cet univers et de son fonctionnement délirant qui a conduit l’économie mondiale au désastre dont nous subissons les conséquences aujourd’hui, mais nous proposer cette vision manichéenne d’un golden boy parti de rien et sans scrupule, relève de l’arnaque mystificatrice !
Même si Léonardo DiCaprio nous dit que sa société de courtage “Strafford Ockmont”, “c’est l’Amérique” où tout un chacun peut réussir avec un tant soit peu de conviction mercantile, la bande de joyeux escrocs crétins qu’il dirige (dont le casting n’oublie pas de nous montrer la diversité ethnique, puisque c’est dans la nature humaine…), n’est que l’infime avatar d’un système économique totalement dérégulé. Et bien sûr, les agents incorruptibles du FBI vont se charger de faire régner un peu de moralité (laquelle, à propos ?) dans ce système où tous les coups sont permis, à condition d’avoir de bons avocats, comme si la spéculation financière qui mène l’économie mondiale se résumait à l’honorabilité de ses dirigeants, en oubliant que les dégâts collatéraux de ce libéralisme outrancier ne se limitent pas à la cocaïnomanie des courtiers de Wall Street …
Et ce n’est pas les quelques morceaux de bravoure de Léonardo DiCaprio dans ses harangues délirantes à ses courtiers ou lors de sa rencontre avec les agents du FBI qui sauvent ce film de Scorsese, qui n’est finalement qu’une grande falsification de l’histoire contemporaine…
Gérard Poitou
Réalisation: Martin Scorsese 2 H 59
Avec Léonardo DiCaprio