Le double je de “La Venus à  la fourrure”

venus

Comme dans “Les Oiseaux” d’Hitchcock, le film débute par un détail troublant: alors que Thomas, le metteur en scène (Mathieu Amalric, génial), joue à servir une tasse de café à  la candidate-actrice (Emmanuelle Seigner) simulant avec ses mains la tasse, la soucoupe et la cuillère, on entend distinctement le bruit de ces objets invisibles. Où est la réalité, qui dit la vérité: le son ou l’image?…

Le trouble va rapidement s’installer mais sur un mode jubilatoire, et Polanski, s’inspirant librement du roman éponyme de Sacher-Masoch, nous introduit dans une fascinante réflexion d’abord sur le jeu d’acteur, mais aussi sur les insondables rapports de pouvoir et de séduction entre deux êtres humains. Qui sait quoi sur l’autre ? Qui ment, qui triche, qui croire, qui est maître du jeu ? Le masochisme apparait ainsi comme une métaphore cynique des rapports de couple dont la subtilité n’a d’égal que la violence…

Et même si la façon de surjouer d’Emmanuelle Seigner peut sembler un peu agaçante, ce film  nous entraine dans un huis clos machiavélique qui se révèle un intense suspens où le terme “coup de théâtre” n’a jamais été aussi justifié.

Gérard Poitou

Un film de Roman Polanski  1 h 36

avec Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric

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