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En 1960 en Patagonie, dans le sud de l’Argentine, une famille croise le chemin d’un médecin dont ils se méfient d’abord pour ensuite s’abandonner à son savoir et à ses manières élégantes (et aussi à son argent). Mais derrière ce personnage charismatique se cache en réalité le célèbre Josef Mengele, un criminel de guerre nazi recherché.
Ce dernier se trouve une passion qui tourne presque à l’obsession pour la petite Eva, une jeune fille qui a des problèmes de croissance.
Loin de la diabolisation habituelle des criminels de guerre nazis, ce film revient sur ces années d’après-guerre ou l’Amérique du Sud prenait la forme de véritable retraite dorée pour les bras droits du Fuhrer.
Mengele, lâÅil acéré et imperturbable, voit en Eva le prolongement de sa quête de pureté et de perfection, mais son intérêt est aussi de lâordre de lâHumain, puisque la réelle affection quâil éprouve pour la fillette est sous-entendue tout au long du film. Une once dâhumanité qui perce à travers le vernis du criminel froid.
Malsain, appuyé par une ambiance entretenue tout au long du film et une esthétique soignée (certains croquis des carnets de Mengele sont dâune laideur fascinante et contrastent avec le décor de montagne somptueux), le film pêche cependant par son manque de dynamisme. Trop linéaire, il tourne à la monotonie dès lors quâil semble jouer sur deux registres : si la volonté affichée de ne pas sâembourber dans une caricature de thriller comme on en voit beaucoup avec du suspense en veux-tu en voilà se tient, la réalisatrice ne met pas suffisamment en avant le témoignage dâEva qui raconte sa propre vie, vierge de tout commentaire personnel, comme une voix off dans un documentaire animalier.
Lucia Puenzo, qui a également écrit le roman nâa peut-être pas pris une hauteur suffisante au regard de sa propre Åuvre. Si un film peut massacrer un livre, il en est aussi qui les transcendent et leur confèrent une valeur cinématographique nouvelle. En sâauto-persuadant de la valeur unique de son livre, Puenzo a tout juste réalisé un film moyen, qui se regarde quand il fait gris dehors.
Nicolas Pons
Le médecin de famille de Lucia Puenzo
1h33