Dans un sketch de l’humoriste Maxime, le videur de boîte de nuit c’était celui « Ki dit ki ki rentre et ki ki rentre pas ». Dans la vraie vie, dans les salles de spectacles, ce sont les équipes, le management, les producteurs et autres satellites des artistes qui disent « ki ki travaille et ki ki travaille pas ».

Avec Le Bal des Laze, Michel Polnareff avait lancé cette édition du PdB. Photo Magcentre
Par Fabrice Simoes.
Sur le Printemps de Bourges comme ailleurs, avec les conditions photos normales liées aux droits voisins, les accessoiristes, voituriers ou simples ombres des artistes veulent se rendre indispensables. Faux puissants, ils imposent désormais leurs choix de photographes présents, ou pas, dans les salles. Un peu comme des rabatteurs face à des journaliers sans papiers choisis un par un pour aller décharger les bateaux dans les années de crise.
Ce n’est plus comme avant…
Lors de la venue ministérielle de Rachida Dati, comme le veut une habitude chère aux nommés à la culture en place à ce moment-là, sur la dernière édition du Printemps de Bourges, tout le grand raout de la culture a pu s’épancher sur l’avenir de ce type de manifestation. De leurs financements, publics ou privés, de leurs approches culturelles respectives et toutes ces sortes de choses. Le directeur du PDB-Crédit Mutuel, Boris Vedel, a d’ailleurs concédé que les festivals devaient se réinventer, s’adapter. Et tout le monde est d’accord ! Sauf que les acteurs de la culture devraient se pencher aussi sur les évolutions de la société. Les spectacles ne sont plus comme avant. Les spectateurs ne sont plus comme avant. Les professionnels ne sont plus comme avant. On pourrait faire une déclinaison à l’infini. Par exemple, pour les photographes professionnels, il est nécessaire de signer une convention, comme le veulent les textes de loi, au titre des droits voisins. Dans l’absolu, rien d’anormal que le producteur, ou le responsable dans les équipes autour de l’artiste, sélectionne la/les images qui correspondent le mieux à sa conception de son poulain/patron. L’image véhiculée fait partie du pack artistique, tout le monde en est conscient. Tout comme chacun devrait être conscient de sa capacité d’excellence dans le domaine de l’accompagnement et moins dans un autre secteur. Cela dit, pour les spectacles de type concert, généralement depuis des décennies, l’usage voulait que les professionnels de la photo œuvrent, sans gêne pour le public, sans flash, durant quelques minutes au début des prestations. Dans un premier temps, comme la loi leur en donne le droit, les artistes, ou le/la chargé-e de com d’icelle, ont souhaité choisir les images avant utilisation. Le photographe cédait même, régulièrement, le droit à l’artiste d’utiliser lui aussi les photos choisies. Tout le monde trouvait son compte dans l’affaire.
Dans son bon droit certes, mais aussi en train de scier la branche sur laquelle tout ce beau monde est assis, il semble désormais que la génération en place soit dans l’air du moment, celui du chacun pour soi. Et de choisir qui, où, combien de personnes auront le droit de faire des clichés. Sur les manifestations importantes, on ne vous cache pas que le photographe du cru, hors représentant de la presse quotidienne locale – et encore – a nettement moins de chance de bosser que le supposé ponte d’un canard huppé. Dommage… D’autant que beaucoup, confrères ou pas, sur la toile, ne s’embarrassent pas de ces considérations. Même sans le sésame, sans se déclarer, il est tellement facile de faire clic-clac avec un téléphone portable depuis la salle. La qualité n’est pas là, mais il paraît que ce n’est pas l’effet recherché.
Et si finalement, sur le principe du gagnant-gagnant, les médias ne parlaient et ne photographiaient plus que les artistes qui jouent le jeu. Vous avez dit réciprocité ?
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