Emmanuel Finkiel, à partir d’un roman, s’est penché sur une très belle histoire d’une prostituée ukrainienne qui cache un enfant juif dans son placard pendant la guerre. Avec son style à la fois sobre et sensuel et des trouvailles de mise en scène, il construit un film somptueux, lumineux. Il nous raconte certains de ses choix.
Mélanie Thierry incarne Mariana dans le film d’Emmanuel Finkiel. © Cinéfrance Studios – Ad Vitam
Par Bernard Cassat. Vidéo Gérard Poitou.
Pour « La chambre de Mariana », Emmanuel Finkiel a adapté un roman de Aharon Appelfeld. Il nous parle avec une grande acuité de toutes les questions que pose une « traduction », convertir un texte en images. Passer d’un langage à un autre est évidemment une gageure. Les trahisons sont fréquentes, mais il a tout fait pour garder l’esprit, l’âme du texte. Qui raconte l’histoire difficile d’un gamin dans un placard. Donc visuellement peu ouverte sur de grands horizons. C’est pourquoi il justifie brillamment l’utilisation de gros plans sur les visages, en plus bouleversants, de Mélanie Thierry et de Artem Kyryk qui joue Hugo, l’enfant dans le placard.
Finkiel revient sur le choix de Mélanie. Il avait fait un casting d’actrices ukrainiennes. Mais il lui fallait une comédienne orchestrale, capable de rire, de pleurer et de faire passer des choses sans rien dire. Celle qui a déjà incarné Marguerite Duras dans son film précédent, La douleur, a relevé le défi, même celui de la langue.
Emmanuel nous explique ensuite l’obligation d’aborder la Shoah par balles. Elle a fait en Ukraine un nombre de victimes considérable. Et le film n’est pas sur ces horreurs, mais ne pouvait pas les ignorer. Tout comme la peur, chez les prostituées, des Russes libérateurs.
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