Jusqu’au 27 avril, le Château de l’Etang, à Saran (45), propose 90 photos réalisées par deux photographes loiretains. En couleur ou en noir & blanc, selon leurs choix, (re)découvrez le monde qui nous entoure dans des paysages envoûtants.
Par Jean-Luc Bouland
Philippe Delépine et ses paysages en couleur – photo jlb
Il y a des images qui en disent plus que des grandes phrases, d’autres qui dérangent, et d’autres qui nous embarquent pour des voyages lointains en nous montrant ce qui est tout près de nous. Au château de l’Etang, à Saran, depuis début avril et jusqu’au dimanche 27, c’est dans cette troisième catégorie que se classent les 90 clichés offerts aux yeux du public par deux artistes photographes loiretains, Philippe Delépine et Patrice Gandin.
Au premier regard, en se promenant rapidement dans les différentes salles, on se dit que ces images n’ont rien d’insolite, rien d’étrange, que chacun d’entre nous pourrait les faire, avec un smartphone, tant elles nous semble communes. Et puis, comme par magie, on s’arrête devant certaines, on se laisse emporter, on se porte à rêver, et on se dit qu’il faudrait peut-être recommencer à se promener, beaucoup plus lentement, devant les cimaises, pour entrer dans les paysages, et réellement apprécier la démarche des deux auteurs.
Patrice Gandin et ses paysages en noir&blanc. Photo jlb
Le premier, un professionnel, Philippe Delépine, a beaucoup voyagé avant de s’installer dans l’Orléanais. Et souvent par le train, dans une démarche éco-responsable qui l’a habitué à prendre le temps de regarder par les fenêtres, et à saisir ces instants fugaces qui l’interpellaient. Voilà pourquoi ces images couleur, comme celles en noir et blanc de son compère Patrice Gandin, qui se dit amateur, n’ont pas de légendes. Les lieux montrés ne sont pas identifiés car ils se suffisent à eux-mêmes. Philippe et Patrice se sont rencontrés lors d’une exposition de photographes voilà quelques années dans la Métropole, ce sont reconnu une sensibilité commune, et envisagé cette exposition saranaise dans une osmose pleinement réussie. Une osmose étrange, car les styles sont pourtant différents, tant dans l’opportunité que dans la manière, mais sans affrontement. Pour chacun, le graphisme, la pureté du trait et la simplicité sont une recherche constante.
Philippe Delépine est un puriste, peu adepte du numérique et de l’intelligence artificielle. « Cela donne un rendu en contradiction avec mes choix et ma démarche dans le cadre de cette série sur le paysage.. Des paysages tous exclusivement saisis derrière la vitre de trains roulant, pour une grande partie d’entre-eux à très grande vitesse.» Un choix d’auteur qui l’incite à accentuer d’éventuelles imperfections pour valoriser « un paysage en mouvement, à l’image de la vie ».
Patrice Gandin, pour sa part, recherche des lieux qui nous sont familiers, nous conduisant là où notre regard s’arrête. voulant « révéler son rapport intime à la nature» et partager« les émotions qu’elle fait naître en lui ». « L’espace de l’image devient alors suffisamment vivable, en ne laissant à l’homme qu’une place infime dans le paysage ». Mais une place qui, parfois, au hasard d’une cimaise, d’un graphisme soigné, attire le regard, et c’est le but recherché.
Deux photographes en symbiose pour réinventer les paysages. Photo jlb
Ces deux complices d’images ont même créé un paysage insolite, à l’intérieur même de l’exposition. Il vous suffira juste de vous mettre face à la vitre qui donne sur le parc, et de regarder ce qui se passe. Un paysage proche de vous, statique ou animé selon l’instant ou votre inspiration. La vie, autrement dit.
Jusqu’au 27 avril
Galerie du Château de l’Étang Rue de la Fontaine 45770 SARAN
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