De drôles de chaises ont été installées pour le week-end de Pâques à Combleux. Fruit d’un travail artistique de Jean-Marie Guérin, en dépôt au théâtre de la Tête Noire. Patrice Douchet aide les visiteurs à se balancer langoureusement dans l’air paisible du Val de Loire.
Un étrange bercement dans le calme du Val de Loire. Photo BC
Par Bernard Cassat.
Jean-Marie Guérin, un gars du Larzac, a commencé des études d’architecture. Il s’est ensuite enfermé dans une doline du Larzac et a commencé à sculpter diverses choses, puis à monter, souder, réaliser des chaises. Deux d’abord. Des objets artistiques à balanciers, beaux et agréables, des sièges avec des mécanismes qui vous font balancer vers l’arrière avec les mouvements de bras, qui vous massent le dos avec de légères contractions des jambes. Comme si on décollait vers un grand moment de détente absolue dans une autre perception de l’univers.
Jean-Marie a rencontré par hasard, sur son Larzac, Patrice Douchet, en 1999. Tous les deux se sont dit qu’il fallait montrer ce travail. Patrice a proposé à Jean-Marie une collaboration. Ils sont donc partis avec les deux premières chaises dans le camion vers la Baltique, parce que Patrice travaillait à ce moment-là un spectacle sur Persona de Bergman. Direction l’île de Fårö, où le cinéaste suédois a tourné son film en 65-66.
Et puis au retour, Jean-Marie est reparti dans son Larzac, a confectionné plusieurs autres chaises. Cinq au total. « C’était un petit prince, dit Patrice Douchet. Gai, enthousiaste, amusant, agréable, inventif, plein d’une très belle vitalité. Mais sa vie avait des failles, de grandes failles ». Il a mis fin à ses jours à 31 ans.

Patrice Douchet équilibre le balancement. Photo BC
La famille, parents et enfant, ont décidé de confier son travail, son œuvre, à Patrice, homme de spectacle. Le théâtre de la Tête Noire a donc hérité de ces chaises, qui ne sont qu’en dépôt, puisqu’elles appartiennent aux enfants de Jean-Marie. Il les montre autant qu’il le peut.
Elles sont pour tout le week-end de Pâques, jusqu’à lundi soir, à Combleux. Sur la pointe entre canal et Loire, dans ce site merveilleux, cet écrin qui correspond tout à fait à ce travail artistique dans la lignée de Tinguely. Avec leurs grandes lances qui pointent vers le ciel comme des cannes à pêche énigmatiques, leurs complexes systèmes en ferraille noire permettent une détente d’une légèreté en accord total avec le paysage. Une expérience à ne surtout pas manquer…
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