Bilan parisien mitigé pour les défenseurs de la ligne POLT. Si la mobilisation contre la dégradation du service ferroviaire, organisée mardi 15 avril sur le parvis de la gare d’Austerlitz, a été un succès, la rencontre au ministère des Transports a été plus chaotique.
De nombreux élus locaux s’étaient rendus à la capitale pour attirer l’attention d’un ministère des Transports peu réceptif. Photo Z.C.
Par Zoé Cadiot.
« On s’est pris un train dans la figure », « Quel mépris ! Invraisemblable ! ». Mercredi matin l’indignation était encore vive dans les rangs de la délégation des deux « Trains de la colère », affrétés spécialement hier pour dénoncer à Paris la dégradation du service ferroviaire et son impact sur les territoires. Venue le mardi 15 avril demander à l’État et à la SNCF l’accélération de la modernisation des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (plus de 700 km de voie ferrée) et Paris-Clermont-Ferrand (420 km), qui transportent respectivement 2,6 et 1,9 millions de voyageurs chaque année, elle n’a pu le faire. La réunion, programmée au ministère des Transports, a en effet tourné court. « Pourtant, tout avait bien commencé avec une arrivée à l’heure à Paris et cette belle mobilisation gare d’Austerlitz pour dire notre exaspération face à la dégradation du service, avant notre rendez-vous au ministère », souligne le vice-président de la région Centre-Val de Loire en charge des Transports, Philippe Fournié.
Un sentiment d’humiliation
Mais boulevard Saint-Germain, les choses ont pris une autre tournure. À la surprise des participants, « cela se passait de façon très respectueuse jusqu’à la publication du communiqué, notant les investissements faits et prévus sur les lignes alors qu’on était qu’à la moitié du tour de table. On est vraiment dans l’irrespect total », confie furibard Marc Fleuret, président du département de l’Indre, à sa sortie de l’entrevue. « On est salis ! On ne pouvait pas admettre ça. On n’est pas des pantins. Là, c’est scandaleux ; on ne pouvait pas rester dans cette salle », ajoute-t-il. Un sentiment d’humiliation partagé par l’ensemble des élus présents, soit une quinzaine, qui lui ont emboîté le pas. « Ce mépris à notre égard est juste invraisemblable », poursuit Philippe Fournié qui rappelle que la réunion devait être animée par le ministre Philippe Tabarot et non par la directrice adjointe de la Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM).
La colère est tout aussi grande chez les associations d’usagers des deux lignes. « C’était complétement ubuesque », précise Jean-Claude Sandrier, président de l’Association Urgence Ligne POLT et ancien député-maire de Bourges. « Je n’avais jamais vu ça. Ce mépris à l’égard des élus. Franchement, c’est incompréhensible ». Pourtant, l’homme a décidé de rester tout comme son homologue d’Objectif Capitales (plus actif sur le Paris-Clermont NDLR), Patrick Wolff et les représentants de Michelin et Legrand. « Contrairement aux élus, nous n’avions pas pu exprimer nos propositions, nos attentes. Et nous avions des questions. On a donc eu une discussion mais aucune réponse précise. C’est à l’image du communiqué publié hier », lâche le Berrichon.
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