Les Éditions Le Mail publient les actes du colloque tenu en 2023 sur le parcours d’un « illustre » Orléanais, passionné de littérature, de journalisme et de politique. Celui qui fut le maire du renouveau d’Orléans a aussi été un acteur éclairé du 20e siècle.
Claude Chapeau à gauche avec Roger Secrétain l’ancien maire d’Orléans. Archives Orléans Métropole.
Par Jean-Jacques Talpin.
Orléans a-t-elle conscience d’avoir été dirigée par un des plus grands maires de son histoire ? Pas sûr si l’on se souvient de son congédiement par les électeurs de 1971 qui lui préférèrent un médecin radical, le dr Grosbois, qui finalement refusa le fauteuil pour le laisser à René Thinat. Depuis, à l’exception d’une avenue et d’une école à son nom, Roger Secrétain était tombé dans un anonymat presque total. Et cela jusqu’à l’organisation d’un colloque en 2023 au musée des Beaux-Arts qui fit renaître l’ancien maire sous la plume de nombreux auteurs pilotés par Pierre Allorant, doyen de la faculté de droit d’Orléans, président du CESER Centre-Val de Loire, des Amis de Jean Zay et de William Chancerelle maire-adjoint d’Orléans chargé de la culture. Ce sont les actes de ce colloque qui viennent d’être édités ce 15 avril par les éditions Le Mail, créées par Jean-Pierre Delpuech qui a déjà à son actif l’œuvre salutaire de republier des textes de Jean Zay.
Journaliste et intellectuel
Ce colloque avait commencé à rendre justice à la mémoire presque oubliée de cet homme qui a accompagné ou animé l’histoire d’Orléans pendant plusieurs décennies du 20e siècle. D’origine modeste, il devient pourtant un des intellectuels reconnus de la ville aux côtés de ses amis René Berthelot, futur directeur du conservatoire de la ville et Marcel Abraham. Au sein d’un cercle littéraire, il anima deux revues, le Grenier et Le Mail auxquelles collabora Jean Zay. À partir de 1927, il devient rédacteur au principal quotidien orléanais qui renaîtra comme République du Centre après la Libération et qu’il dirige durant plusieurs décennies. Entre-temps, il est entré en résistance en fondant notamment le groupe Libération Nord. Plus tard en 1951 il est élu député sous l’étiquette UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance) aux côtés de François Mitterrand et René Pleven avant de devenir maire entre 1959 et 1971.
Pourquoi ce désamour et cet oubli ?
En 10 ans il révolutionna la ville devenue capitale régionale en 1964 (au grand désarroi de Tours !), en créant la ville nouvelle de La Source, en ouvrant le parc floral et en faisant renaître en 1966 l’université d’Orléans, une des plus anciennes d’Europe puisque fondée en 1306 avant d’être fermée en 1793. Un bilan qui pourrait faire rougir de jalousie tous ses successeurs à la mairie, même les plus bâtisseurs !
Mais alors pourquoi ce désamour et cet oubli ? Peut-être parce que cette ville passée à gauche (Roger Secrétain était pourtant un passionné de Charles Péguy tout comme son successeur le socialiste Jean-Pierre Sueur) voulait oublier une dérive politique encombrante.
Du centre-gauche, Roger Secrétain était devenu par ses longs éditoriaux publiés dans la République du Centre du samedi un chantre accompli de la droite la plus assumée, évoluant entre un moralisme de bon teint, un conservatisme bien accepté dans cette ville bourgeoise et des positions politiques souvent réactionnaires. Le bilan est désormais heureusement nettoyé de ces scories politiques pour laisser place aux belles pages de l’histoire orléanaise du siècle passé.
Roger Secrétain – Actes du colloque – Éditions Le Mail – 21 euros
Préface de Serge Grouard, Maire d’Orléans, Président d’Orléans Métropole
Contact : Éditions Le Mail
MBE 203, 1 Boulevard de Châteaudun 45000 Orléans
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editionslemail@gmail.com
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