Le mercredi 9 avril 2025, le Président du Conseil régional et celui du Conseil économique social et environnemental (Ceser) de la Région Centre-Val de Loire ont interpellé par courrier le Premier ministre et lui ont demandé une audience. Ils militent pour que leur région soit choisie comme « territoire d’expérimentation » contre les déserts médicaux.
La région Centre-Val de Loire est toujours le territoire le plus touché par le manque de médecins. Illustration ©Freepik
Par Jeanne Beaudoin et Jean-Paul Briand.
La proposition de loi (PPL) transpartisane portée par Guillaume Garot et cosignée par 256 députés de tous bords met le feu aux poudres. Pour l’installation des médecins libéraux, dans son premier article, la PPL prévoit de mettre en place une autorisation préalable délivrée par les agences régionales de santé (ARS). En Commission des Affaires sociales cet article a été rejeté. Mais en première lecture à l’Assemblée nationale, il a été rétabli et voté. La poursuite de l’examen de la PPL en séance publique aura lieu les 6 et 7 mai prochains. Le Sénat n’a pas voulu rester à la traîne et a déposé le 28 mars 2025 une PPL « visant à améliorer l’accès aux soins dans les territoires ». Elle devrait être discutée en séance publique les 12, 13 et 15 mai 2025.
Une PPL polémique et clivante
Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, a exprimé son désaccord vis-à-vis du premier article de la PPL Garot. Il estime que pour traiter la désertification médicale, ce « remède serait pire que le mal », et craint que « des étudiants abandonnent leur cursus ». A contrario, le Premier ministre, François Bayrou, approuve la régulation à l’installation. Tous vent debout contre la PPL Garot, les représentants des étudiants en médecine, des internes et de l’ensemble des médecins libéraux s’organisent afin de déclencher une grève intersyndicale qui devrait débuter le 28 avril et s’accompagner d’une manifestation à Paris le 29 avril.
La PPL du député Garot ne se résume pas à son premier article polémique et clivant. Son article 2 supprime logiquement la majoration des tarifs à l’encontre des patients non pourvus d’un médecin traitant. L’article 3 met en place une formation a minima de première année en études de médecine dans chaque département et son article 4 rétablit l’obligation de permanence des soins.
Une première année de médecine dans toutes les capitales départementales de la Région Centre
Bien que jugé peu réaliste par les conférences des doyens des facultés de santé ainsi que par France universités, la région Centre-Val de Loire veut s’emparer de l’article 3 pour en faire l’expérimentation.
De gauche à droite : Magali Bessard vice-présidente du Conseil régional, François Bonneau, Pierre Allorant et Sylvie Dubois vice-présidente du Conseil régional (cliché Magcentre)
L’implantation de 120 Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) aidées par le Conseil régional, aurait permis, pour la première fois depuis des années, que le nombre de médecins ne chute plus en région Centre, qui reste néanmoins toujours championne de la désertification médicale. François Bonneau, Président du Conseil régional se félicite : « Des résultats significatifs à nos efforts ont été enregistrés : pour la première fois, le nombre de médecins en exercice a cessé de décroître en Centre-Val de Loire, pour atteindre une stabilité en 2024 ». Avec le Président du Ceser, Pierre Allorant, il veut aller plus loin. Afin de poursuivre la remontée de l’offre de santé et paramédicale dans leur région, les deux présidents ont écrit au Premier ministre pour lui demander un entretien et lui proposer que « dès 2026, il y ait une première année de médecine dans toutes les capitales départementales de la Région Centre-Val de Loire ». Pierre Allorant estime que pour les candidats aux études médicales, cette possibilité doit « les aider à passer la première année en rapprochant les études de chez eux. S’ils passent cette barre, leurs familles pourront faire le choix d’investir dans des logements à Orléans ou Tours ».
Les deux présidents s’associent pour interpeller le Premier ministre et affirment : « Nous nous saisissons des ouvertures qui se profilent au niveau national pour demander que soient engagées au plus vite de nouvelles mesures, fortes et innovantes, de nature à rehausser rapidement la présence médicale ». En cette période de disette économique et de remise en cause des Ceser et de la liberté d’installation des médecins libéraux, le président du Conseil régional et celui du Ceser seront-ils entendus ?
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