Concours Brin d’Herbe #1 : de jeunes virtuoses, étourdissants claviers en mains

Passionnantes découvertes et redécouvertes du répertoire de 1900 à nos jours. Dans le sillage du grand Concours international de piano d’Orléans qui se tient tous les deux ans, le Concours international de piano d’Orléans Junior Brin d’Herbe, qui se déroule depuis ce jeudi à la salle de l’Institut d’Orléans, trace lui aussi un sillon musical à nul autre pareil.

Sur les 26 candidates et candidats en lice de moins de 18 ans venus des quatre coins du monde pour participer à ce festival de haute facture, huit interprètes des niveaux « débutant » et « intermédiaire » ainsi qu’une première du niveau « avancé » se sont présentées devant un jury composé de Miharu Ogura, Saudi Braide et Toros Can.

À dire vrai, voici de jeunes artistes virtuoses et déjà défricheurs du répertoire qui nous livrent ici, de manière saisissante et enthousiasmante, l’interprétation souvent abstraite, audacieuse, et toujours d’une sensibilité inouïe, d’œuvres du XXe siècle et d’aujourd’hui. Ce jeudi, les mélomanes n’auront pas, entre autres, manqué le récital de la jeune Britannique Zahra Bharmal (10 ans, Cambridge Suzuki Young Musicians), ouvrant le bal du concours en entrant sur scène, lunettes de soleil sur le nez, sifflotant et dansant avant de se lancer avec bonheur dans l’interprétation des « Pitreries » de György Kurtág.

Ravissant est, par ailleurs, dans le programme d’Eline Gimenez (10 ans, conservatoire Maurice Ravel de Fleury-les-Aubrais), « Le petit âne blanc », de Jacques Ibert. Très jolie est aussi cette « Illusion pour Boléro II – Écoute ton corps », pièce imposée et composée par Miharu Ogura et que l’interprète nous offre avec bracelets de grelots aux chevilles. Très prenante est aussi sa composition personnelle « Neptune 71 », pour piano et spatial dispositif, partie électronique composée quant à elle par Pierre Malle.

Suit la venue de Tsubaki Kudoh (13 ans, Japon), pianiste aux pieds nus, donnant une œuvre brève et subtile de John Cage, mais aussi un « Tango » captivant, de Stravinsky. Voici, encore, Rose Potier (15 ans, conservatoire régional de Saint-Omer), pianiste qui improvise sur « La Fille aux cheveux de lin », de Claude Debussy avant de nous inviter à nous abandonner, avec mélancolie, dans « Miroirs, Oiseaux tristes », de Maurice Ravel.

En fin de journée, Annika Arruvainu (17 ans, Estonie) métamorphose son Steinway en cathédrale sonore sur une composition de Einojuhani Rautavaara qui propose cependant des instants éthérés succédant ainsi, de manière stupéfiante, à des temps de fureur musicale.

À l’issue de ces premières épreuves, le jury du concours, les bénévoles d’OCI et sa directrice artistique, Isabella Vasilotta, ont été reçus dans les salons de l’Hôtel Groslot, par William Chancerelle, adjoint chargé des Affaires culturelles, personnalité à l’initiative de la création du Grand PianO Festival. Ce dernier a tenu à saluer, avec chaleur et engagement, l’impact de ce concours Brin d’Herbe, sa pédagogie qui offre aux plus jeunes un point de départ, un vecteur culturel qui permet de s’ouvrir à la beauté pour toute une vie. « Ce concours, qui réunit des interprètes du monde entier, permet de promouvoir un langage universel essentiel et partagé dans notre monde qui tremble tant », devait-il ajouter.