Le CCCA-BTP(1) et la Région Centre-Val de Loire ont injecté 3 millions d’euros dans la rénovation du BTP CFA de Châteauroux. Un établissement où l’on n’apprend pas seulement l’art du geste.
Un véritable labo pour des apprentis qui devront aussi maîtriser le numérique. Photo PB
Par Pierre Belsoeur.
« Le BTP CFA 36 a désormais une ouverture sur son environnement ». C’est ce dont s’est félicitée Sylvie Bots, sa directrice, en accueillant les personnalités venues assister à l’inauguration de son établissement rénové. En effet, en entrant dans les lieux, on trouve d’abord la réception. Tout sauf innocent puisqu’auparavant on y accédait en longeant une série de bâtiments comme s’il s’agissait d’un endroit où il n’est pas glorieux d’enseigner !
De nouveaux espaces et un vrai lab
Une remarque qui n’est pas seulement géographique, l’apprentissage n’a pas encore remonté la pente, en termes de notoriété. Christophe Possémé, président du CCCA-BTP – l’association nationale professionnelle qui regroupe les branches bâtiment et travaux publics, et met en œuvre la politique de formation – proclame qu’il est un exemple vivant d’où on peut arriver en passant par l’apprentissage. Chef d’entreprise et père de trois enfants… qui ont eux aussi choisi l’apprentissage.
Alors à Châteauroux on a déplacé tout le pôle administratif vers l’entrée du CFA, créé un module de formation couverture, réinstallé les peintres et maçons sur des plateaux techniques agrandis, mais le centre est désormais doté d’un véritable labo informatique dans lequel les apprentis peuvent travailler à leur mémoire de fin d’études, faire des recherches techniques et des modélisations, et ne plus simplement apprendre à faire un curriculum vitae ou une lettre de motivation.
Le plateau technique couverture a complété l’offre de formation. Photo PB
Carole Canette, vice-présidente du conseil régional déléguée notamment à l’apprentissage, a rappelé l’importance qu’occupait l’apprentissage dans les priorités de la Région, affirmant que les crédits ne seraient pas amputés par la baisse des subventions de l’État, et qu’après Blois et Châteauroux, Saint-Pierre-des-Corps et Orléans allaient à leur tour faire leur mue.
Un public particulier
Les élèves accueillis par les CFA des métiers ne sont pas un public comme les autres. Ils sont mineurs pendant la plus grande partie de leur parcours d’apprentissage et en zones rurales, ils ont besoin d’un hébergement. Une constatation qui n’est pas récente puisque les gros travaux effectués dans une phase précédente consistaient à créer un internat conforme aux critères modernes d’hébergement.
Ce que nous apprend Franck Prêtre, le secrétaire général régional du CCCA-BTP, c’est la philosophie actuelle de l’apprentissage. « On a inventé de nouvelles façons de transmettre. On parle désormais de compétences et d’adaptation des besoins individuels aux besoins des entreprises. Ici il ne s’agit pas seulement d’apprendre le bon geste en se servant des outils de demain, mais aussi de construire les jeunes pour qu’ils deviennent des citoyens entiers. Et ils s’épanouiront s’ils se sentent bien dans leur métier. Par ailleurs le temps d’études s’allonge. Actuellement un parcours de formation dure entre quatre et cinq ans, ce qui permet à l’apprenti d’étoffer ses connaissances pour être polyvalent ».
Il ne s’agit plus d’envoyer les enfants en apprentissage par défaut, mais de leur proposer une immersion en entreprise pour voir à quoi correspond le métier qui les tente. Une formation qui les sensibilise évidemment à l’environnement puisque ce sont eux qui mettront en œuvre les matériaux qui éviteront aux constructions nouvelles d’être des passoires thermiques.
De nouveaux venus prometteurs
Sylvie Bots le reconnaît, elle a un peu tiqué lorsqu’on lui a annoncé l’arrivée dans son établissement de « mineurs isolés », ces jeunes migrants arrivés sur le sol français, venant le plus souvent de l’autre rive de la Méditerranée. À leur sujet les remarques de la directrice et des formateurs se rejoignent. « Ils en ont tellement bavé qu’ils sont attentifs, respectueux et remercient la France de leur offrir cette chance d’insertion ».
Les mineurs isolés, des apprentis modèles. Photo PB
Le taux d’emploi à la sortie de l’apprentissage avoisine les 85 %, les ruptures de contrat sont très faibles (le CCCA-BTP forme aussi les maîtres d’apprentissage). Le tableau serait donc idyllique ? Non, car même si les effectifs remontent après avoir chuté dangereusement voici cinq ans, le bâtiment manque de bras. Un constat qui désole Franck Prêtre en constatant le déchet que connaissent les filières de l’enseignement classique.
(1) CCCA-BTP Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics – Contact : https://btpcfa-cvdl.fr/#nos-campus
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