Même si son histoire agitée incite à la prudence, force est de constater que la situation institutionnelle de l’archipel mélanésien évolue. La deuxième visite de Manuel Valls cette semaine en Nouvelle-Calédonie n’est pas étrangère au nouvel état d’esprit qui souffle sur le caillou. Nous sommes encore très loin d’une confiance recouvrée, mais la signature d’une déclaration commune par toutes les sensibilités est la preuve que le dialogue reprend.
La création du Centre Culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa inauguré en 1998 est inscrite dans les accords de Matignon-Oudinot. La symbolique des cases traditionnelles dessinées par Renzo Piano matérialise la reconnaissance de la culture kanak.
Par Philippe Voisin.
Les signataires s’accordent pour « engager une troisième séquence de négociations avec l’objectif de parvenir à un accord global sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. » Quel progrès depuis les émeutes de mai 2024 et le traumatisme qu’elles ont engendré ! Souvenons-nous, 11 morts, plus de 2 milliards d’euros de dégâts et une économie à genou.
Le ministre des Outre-mer a laissé un projet d’accord aux négociateurs qui n’a pas été rendu public mais qui répare les errances des gouvernements précédents en réaffirmant le principe essentiel de la neutralité de l’État. Invité dans le journal télévisé de NC la 1ère, le ministre des Outre-mer déclare : « Je crois que nous pouvons avancer, sur la base d’un texte qui reste discret, oui, Michel Rocard m’avait appris ça ».
On sait cependant que les échanges porteront sur le droit à l’autodétermination, sur le partage des compétences et sur la composition du corps électoral dont la remise en cause avait provoqué les affrontements autour de Nouméa l’an passé. Et le ministre ajoute : « Nous pouvons être raisonnablement optimistes, nous avons franchi un pas décisif. »
Oui, mais …
Sept militants du FLNKS sont toujours « déportés » dans l’hexagone. Et parmi eux, Christian Tein, le leader Kanak porte-parole de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT) en première ligne pendant des émeutes. Depuis son incarcération à la prison de Mulhouse le 22 juin 2024, Christian Tein a été élu président du FLNKS, la principale composante du Front indépendantiste. Peut-on imaginer la signature d’un accord sans sa présence et sans le retour des autres prisonniers dont Steve Unë emprisonné à Blois et Guillaume Varma, à la maison d’arrêt de Bourges.
Leur retour en Nouvelle-Calédonie semble être une exigence du FLNKS, préalable à la reprise du dialogue. Pour Maître François Roux, l’avocat des militants indépendantistes, c’est techniquement possible. Pour le gouvernement, c’est politiquement envisagé. Cette question a été abordée dans la discrétion. Encore un signe d’apaisement. Mais ce sont les juges qui décideront. Le dossier est actuellement instruit à Paris pour sortir du chaudron calédonien. Manuel Valls est attendu en Nouvelle-Calédonie le 29 avril prochain pour sa troisième visite.
À suivre.
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