L’Agglomération montargoise a signé une convention de trois ans avec l’association Aéro Biodiversité afin de répertorier la faune et la flore sur l’emprise de la plateforme aéroportuaire de Vimory. Oiseaux, insectes pollinisateurs, chauves-souris, mammifères, arbres, arbustes, fleurs, l’inventaire a commencé !
L’équipe d’Aéro Biodiversité, en action sur l’aérodrome de Vimory-Montargis – photo Izabel Tognarelli
Par Izabel Tognarelli.
Breaking news ! On a retrouvé les alouettes des champs ! On se lamentait sur leur progressive disparition de leur habitat naturel ; on s’en désolait comme pour tous les oiseaux de nos campagnes, et voici qu’elle fait entendre son chant mélodieux là-haut, tout là-haut dans le ciel de l’aérodrome de Vimory. Nous sommes venus y rencontrer les naturalistes de l’association Aéro Biodiversité, lors de leur première journée d’observations. « L’alouette des champs est vraiment l’oiseau emblématique des plateformes aéroportuaires », nous explique Hélène Abraham, manager de l’équipe, sourire aux lèvres. « Nous sommes présents sur 80 aéroports et aérodromes, et nous l’entendons très souvent. Il y a très peu de ces terrains aéroportuaires sur lesquels on ne la voit pas. Cet oiseau niche au sol : il ne faut surtout pas faucher avant que les juvéniles ne soient envolés. Il se plaît sur les aéroports, car, en général, on le laisse tranquille : ils peuvent nicher tranquillement, trouver de quoi se nourrir et élever leurs petits. Le chant est celui des mâles qui protègent les femelles ». Ce jour-là, impossible de distinguer l’oiseau. Son vol, haut perché, le rendait invisible, mais ses trilles – fascinants, reconnaissables – ne laissaient place à aucun doute : l’alouette, espèce menacée, a trouvé en cet aérodrome un havre inattendu.
Un dépôt sauvage, situé à proximité d’un chemin de campagne – photo Izabel Tognarelli
Un inventaire, entre poésie et réalité de terrain
Floriane Marras est botaniste ; Benjamin Vincent est ornithologue. Tandis que l’un scrute les airs, l’autre examine le sol, nous les avons suivis dans leurs toutes premières observations sur l’aérodrome de Vimory. À proximité de l’aéro-club, des orchidées sauvages percent la pelouse. Elles n’en sont qu’au stade de rosettes : il faudra attendre leur floraison pour déterminer leur variété : « Elles sont très sensibles aux interventions humaines, d’où l’intérêt de fauches pas trop rases et pas trop rapprochées », commente Floriane. Alors on fait attention à ne pas marcher sur leurs feuilles, dont on ne peut s’empêcher de remarquer qu’elles se déploient en hélices.
Un peu plus loin, nos naturalistes inspectent une pelouse, le regard en rase-mottes : des dizaines de petits monticules, comme autant de cheminées minuscules, tapissent une large surface et signent les entrées de terriers d’abeilles terricoles. Leur bar à nectar est à proximité immédiate de ce village de pollinisateurs : il s’agit d’une haie champêtre, qui longe un chemin de campagne. Là, nous assistons à un véritable meeting aérien d’insectes. Nos naturalistes sont en action, courant après les papillons pour les identifier (« Était-ce un azuré ou bien un azuré du serpolet ? ») ; mettant un genou à terre devant une pousse de saule ou de lilas qui ne demanderait qu’à se déployer ; collectant les pelotes de réjection des rapaces, archives digérées qui livreront leurs secrets en laboratoire. Mais un dépôt sauvage jette une ombre au tableau : impossible de passer outre ces déchets balancés depuis le chemin de campagne. Ils peuvent certes servir d’abri aux rongeurs ou aux reptiles, mais ils n’ont rien à faire dans la nature, pas plus qu’une claquette orpheline et un rasoir « jetable », égarés un peu plus loin.
Les zones humides situées rue du Préau et rue de l’Aérodrome ne font pas partie des zones à inventorier par Aéro Biodiversité – photo Izabel Tognarelli
La biodiversité, un voyage au long cours
En ce début avril, les naturalistes d’Aéro Biodiversité ont fait un court vol d’observation d’une journée et demie à Vimory, pour effectuer leurs premières observations sur l’aérodrome. « Ce que nous avons vu est encourageant, mais il est trop tôt pour dire quoi que ce soit : il faut attendre la fin de saison », précise Hélène Abraham, une fois rentrée dans ses bureaux parisiens. Son équipe effectuera un deuxième passage en début d’été, puis un troisième en septembre. Alors sonnera l’heure du premier bilan. Peut-être livrera-t-il des informations inattendues ? À coup sûr, il nous décillera sur la richesse écologique d’un aérodrome souvent réduit à sa seule fonction aérienne.
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