Pour restituer tout le travail de sa résidence, Camille Maussion et son quintet ont présenté mercredi 2 avril leur nouveau projet Flocon Volcan. Et en effet, la légèreté alterne avec la profondeur bouillante. Entourée de quatre musiciens brillants, elle joue de ses saxos avec humour et finesse. Un magnifique moment de musique partagé avec une salle Vitez comble.
Camille Maussion. Photo Rainer Ortag.
Par Bernard Cassat.
Camille Maussion a mis au point son nouveau projet Flocon Volcan en décembre ici, à Orléans, en résidence à la Scène nationale. Elle restitue ce travail mercredi soir, et ouvre son concert avec un premier morceau très sautillant. Plutôt du côté d’un bestiaire d’oiseaux qui s’amusent à picorer la terre avant de prendre doucement leur envol. Et il s’en passe, dans les airs. Des glissades, des piqués joués au ténor et à la voix, des volutes comme des danses d’amour enrobées par le clavier électro et le violoncelle à l’archet qui étire les gestes. Le tout commenté avec un humour discret par la batterie.
À chaque morceau son ambiance
Une très grande cohérence de groupe, une fluidité parfaite, une mélodie qui nous fait monter très haut. Un gros travail totalement occulté derrière une aisance de jeu jouissive. Après ce premier ravissement, chaque morceau va décliner une ambiance différente, raconter une histoire nouvelle mais souvent liée à la nature. Océan va jusqu’à égrener des gouttes d’eau dans un flux feutré, comme en apesanteur. Ailleurs c’est un jeu subtil sur l’écho, Clément Merienne aux claviers et à l’électro renvoyant le jeu du saxo mais sans vraiment en faire une voix supplémentaire. Un autre morceau nous emmène plutôt vers les hauteurs, surtout quand la voix de Célia Forestier et le soprane de Camille se poussent l’un l’autre, la voix montant très haut et le saxo la soutenant.
Camille vue par Alice Lemarin.
Camille a déjà travaillé avec des chanteuses, notamment Leïla Martial, ces nouvelles chanteuses qui font de la voix un instrument d’abord, un instrument parmi les autres. La voix de Célia ne dit pas de mots, sauf quelques fois, mais elle prononce sa partition dans les compos de Camille avec une élégance et une séduction expressionniste. Et lorsqu’elle prononce des mots, en anglais comme dans Jeannette mon amour, c’est pour mieux compléter l’histoire de la grand-mère de Camille et de son amoureux.
Une malice enfantine
On sent dans les compositions le grand intérêt que porte Camille aux enfants. Elle a beaucoup travaillé pour le public très jeune et adore transmettre. Plein de moments en sont les témoins, notamment cette malice toujours renouvelée qu’elle s’amuse à mettre dans ses chutes. Tous les morceaux finissent sur un clin d’œil amusé. Le batteur Maxime Rouayroux n’y est pas pour rien, inventant la juste bidouille percussive qui résonne comme un point d’exclamation. Clément Petit, souvent lui aussi du côté rythmique, fait sortir de son violoncelle des chutes elles aussi ravissantes. De grands moments à l’archet lui permettent de faire vibrer des mélodies profondes.
Ce quintet se réunissait pour la première fois, mais chacun a déjà un beau passé derrière lui. Pour ce premier projet sous son nom, Camille a bien choisi ses partenaires ! L’ensemble est très au point alors que c’est sa première prestation. Des flocons légers comme l’air et des volcans bouillants comme le jazz.
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