« Women Artists Stand » – comprenez les « Femmes artistes se tiennent debout » – nous invite à découvrir la créativité fascinante de dix femmes artistes transgénérationnelles venues d’horizons très différents. Une exposition d’art contemporain qui apporte une brise printanière parmi les nombreux évènements culturels en région Centre-Val de Loire.

Christine Zima
Par Valérie Thévenot.
Initiée par la galeriste Valérie Le Floch et la Galerie Fizz, cette exposition au Domaine de la Trésorerie nous invite à la flânerie. Les univers de chacune des artistes exposées se font écho avec douceur. Une forme de complicité silencieuse émane de chacune d’elles, une complicité mise en valeur par une scénographie sobre mais efficace.
Le lieu d’ailleurs se prête bien à ce jeu. Par ses grands espaces lumineux, il offre une belle respiration aux grands formats. Tout comme à l’étage où les salles plus intimistes voient leurs murs s’éloigner, voire s’effacer, sous la présence des œuvres picturales. Telles des fenêtres ouvertes, nous cheminons à travers ces différents « paysages » artistiques. Et c’est bien volontiers que nous acceptons d’être des naufragés volontaires… Ici le temps n’a pas de prise, d’ailleurs plusieurs espaces cosy nous invitent à nous poser et à laisser notre regard s’attarder vers une perspective d’œuvres.
Les femmes debout
Arièle Rozowy, artiste plasticienne de grande renommée, crée des « œuvres cinétiques qui se situent entre peintures, sculptures et installations ». Chaque œuvre est comme un cœur qui bat par ses jeux de lumières, de reliefs et de couleurs qui s’entremêlent.
Martine Pinsolle propose deux belles séries, « Balnéaire » et « Nature », composant un ensemble d’une vingtaine de tableaux. « Des œuvres caractérisées par une forte expressivité et une utilisation audacieuse des couleurs ».
Christine Zima nous plonge dans « une palette de bleus infinie » avec l’architecture pour leitmotiv. Sa maison d’enfance – une Jean Prouvé – n’est pas étrangère à son goût prononcé pour le design et l’architecture des années 50. Ses peintures en font l’écho.
Avec Patricia Jean-Drouart nous changeons de dimension pour arriver dans un univers velouté et mouvant selon l’angle de la lumière et notre positionnement. « Mon regard est tactile » explique l’artiste… et le nôtre le devient face à ses « collages mettant en valeur la réflexion des couleurs ». La « couleur des ombres » telle est la définition des constructions présentées, et nous en découvrons en effet les nuances infinies.
Maïa, la plus jeune des artistes, est une autodidacte de talent. Déjà exposée et primée l’année dernière par Les Artistes Orléanais, à travers ses peintures graphiques elle nous parle, nous regarde, voire nous questionne. Gros coup de cœur pour son tableau « Lévrier » !
Comme une transition entre le monde de la peinture et celui de la sculpture, Emma Karina « trouve son inspiration dans la nature, et en particulier les arbres. Formée à la fabrication traditionnelle du papier japonais, elle transforme cette technique pour l’adapter à sa propre démarche artistique ». Des œuvres intimistes qui questionnent sur la fragilité de l’environnement et aussi sur ses forces.
La céramiste et sculptrice Dany Dufour a également une réelle passion pour la nature. Et ses œuvres nous le démontrent. Elle distille ses « graines » au fil de l’exposition, des graines vivrières, magnifiques, aux textures variées entre argiles de faïence, de grès ou de porcelaine.

Véronique Lonchamp
Véronique Lonchamp s’attache à travers ses bronzes aux mouvements du corps « capturant la puissance et l’équilibre dans une poésie virtuelle ». Un parcours également remarquable pour cette artiste récompensée par de nombreux prix.
Avec les sculptures de Bérénice Fourmy, nous plongeons dans un monde évocateur de plus petite dimension, tout en délicatesse, où le matériau terre devient « son mode d’expression privilégié ».
Quant à Jacqueline Labasse, elle accompagne son énergie créatrice par la musique classique et la nature qui l’entoure. Transformer, adapter, modifier, patiner, sublimer les matières, se servir de leurs imperfections, tout cela dans un élan qui leur redonne vie sous de nouvelles formes sculpturales.
Une galeriste audacieuse
Parallèlement à son activité professionnelle de vols en montgolfière, Valérie Le Floch se lance en 2022 et presque au pied levé dans une nouvelle aventure. Elle sera artistique et orléanaise. Son vif intérêt pour le monde de l’art, son audace teintée de curiosité seront de bons partenaires pour structurer son projet : faire découvrir dans la cité ligérienne des artistes venus d’ailleurs pour la plupart, des jeunes pousses comme des artistes de renom. Le pari semble gagné avec cette troisième exposition au Domaine de la Trésorerie, un lieu qui répond bien à l’exigence de bénéficier de grands volumes pour la scénographie des expositions. Valérie Le Floch et la Galerie Fizz offrent une nouvelle fois un moment de partage artistique tout à fait étonnant avec cette exposition collective d’art contemporain. Et pour finir, ce qui est bien avec la « culture », c’est que l’on se cultive. Une vérité de la Palisse diront certains, mais encore faut-il qu’il y ait des passerelles, des médiateurs qui nous en ouvrent les portes… toutes les portes.
« Women Artists Stand »
Jusqu’au 30 mars
Domaine de la Trésorerie – 14 rue aux Moines 45750 Saint-Pryvé-Saint-Mesmin
Du lundi au vendredi de 15h30 à 19h30
Samedi et dimanche de 10h30 à 18h30

Photo de Une : Christine Zima Martine Pinsolle cl Valérie Thévenot
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