En Centre-Val de Loire, fini la gabegie des savons d’hôtel !

À peine utilisé, un savon d’hôtel est tout de suite jeté pour des raisons d’hygiène évidentes : en France, entre 700 et 900 tonnes chaque année ! Sensibles aux questions environnementales et de solidarité, des établissements hôteliers du Centre-Val de Loire adhèrent à une association de recyclage de ces savons dont Le Château de Nazelle en Indre-et-Loire.

Par Estelle Boutheloup.

« Le savon est indispensable pendant le séjour du client, c’est une valeur de raffinement, un produit d’accueil rempli d’attention auquel nous attachons beaucoup d’importance », explique Véronique Fructus, propriétaire de l’hôtel de charme Le Château de Nazelle, près d’Amboise (Indre-et-Loire). « Au départ je m’étais concentrée sur le mode de fabrication du produit mais pas sur son devenir ». Forage pour la piscine et l’arrosage du jardin, plus de bouteilles en plastique, produits naturels dans les chambres, circuit court et bio au petit-déjeuner… Depuis une quinzaine d’années, Véronique s’investit dans une gestion écoresponsable et environnementale de son établissement. Alors quand elle apprend qu’elle peut recycler ses savons, cela fait sens immédiatement. « Avant, nos chambres étaient équipées de gels douche et de shampoings fabriqués en Corse. Puis je suis passée aux produits solides pour éviter le bidon plastique. Au Salon Equip’Hôtel, j’ai rencontré l’association SapoCycle : sa démarche correspondait à ce que je souhaitais et elle collecte aussi les savons et shampoings solides ». Ainsi, en 2024, le Château de Nazelle a collecté 27 kilos de savons usagés.

Social, solidaire et écologique

Depuis 6 ans en France, cette association basée à Mulhouse (1^re organisation à but non lucratif en Europe) collecte et recycle les savons usagés d’hôtel pour en faire des savons « socialement responsables ». Car il faut savoir que dans l’hexagone, entre 700 et 900 tonnes de savons d’hôtel sont jetés chaque année. Des savonnettes la plupart du temps tout juste utilisées. À l’origine de l’idée : la journaliste franco-suisse, Dorothée Schiesser (1^er Prix Solidarité Version Femina 2024) dont une partie de vie au Cameroun où elle est frappée par l’absence d’éducation à l’hygiène et la gestion des déchets dans les hôtels. En France, c’est autre chose que pointe l’association : « 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2020 et 3 millions qui se privent de produits d’hygiène de base faute de moyens ». Pour Dorothée Schiesser, il ne restait plus qu’à combiner les deux. 

Avec 18 000 kg collectés en 2023 dans 140 hôtels de France, les savons sont recyclés et transformés en nouveaux savons (environ 200 par jour) par des personnes handicapées de l’ESAT Adapei Papillons Blancs en Alsace avant d’être redistribués à des personnes démunies et dans le besoin via des associations humanitaires (Les Restos du Cœur, Secours populaire, Croix-Rouge, Féminité sans Abri…). Ainsi, quelque 25 000 familles ont été aidées en 2023. « Le décideur va être la gouvernante ou le service RSE du groupe hôtelier », explique Christelle Juville, chargée de mission relation avec les partenaires. « Pas moins de 10 kg doivent être collectés pour procéder à un envoi ». Au-delà de l’impact social et solidaire, le recyclage de ces savons a bien entendu un impact écologique avec « une réduction de 90% des émissions de CO₂ par rapport à la combustion de déchets », souligne l’association.

Aujourd’hui en région Centre-Val de Loire, d’autres hôtels se sont engagés dans cette démarche, dont La Borde en Sologne à Vernou-en-Sologne (Loir-et-Cher) avec 30 kg de collecte de savons utilisés en 2024, et plus récemment Le Manoir des Basses Rivières à Rochecorbon (Indre-et-Loire).

Vous êtes un établissement et souhaitez adhérer : https://france.sapocycle.org/

Rubrique parrainée par CODIFRANCE

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