Haro sur les transgenres

Changer de genre n’est pas une pratique humaine nouvelle, l’exemple du chevalier d’Eon reste célèbre. Mais aujourd’hui, l’évolution de la médecine permet de satisfaire une modification approfondie du phénotype physique conduisant à une transformation sociale qui dépasse largement le simple travestissement. Les anathèmes d’une morale liberticide (cf infra) placent aujourd’hui la médecine, comme pour l’avortement, devant une responsabilité thérapeutique et sociale complexe.

Le drapeau trans visible lors de la marche des fiertés d’Orléans. Photo Marie Line Bonneau



Par Philippe Emy.


En France, dans la plupart des régions, l’assistance médicale s’organise. À Orléans, la docteure Mathilde Monceu, endocrinologue, installée en zone prioritaire multiculturelle, nous fait part de son expérience et répond à nos questions.

Comment définir la transidentité ?

La transidentité, dont la prévalence chez la population adulte en France est estimée entre 0,3% et 0,5%, désigne une personne dont l’identité de genre diffère du sexe qui lui a été assigné à la naissance. Une personne transgenre peut ainsi s’identifier comme homme, femme ou non binaire ou fluide. La transidentité recouvre des personnes non binaires, c’est-à-dire celles dont l’identité de genre ne se limite pas strictement aux catégories d’homme ou de femme, et qui peuvent s’identifier à la fois comme homme et comme femme, ou en dehors d’elles. Mais il ne s’agit pas d’une orientation sexuelle. Ce n’est pas une maladie, ni un trouble mental, ni une perversion ou une déviance. Il n’y a pas d’âge pour s’identifier comme transgenre, certains enfants expriment une identité transgenre très tôt, d’autres à l’adolescence ou à l’âge adulte.


La transition est perçue comme un parcours du combattant…

La transition est longue, d’abord sociale : changement d’état civil, modification de la présentation physique (vêtements, coiffure, maquillage) puis médicale impliquant souvent des traitements hormonaux et parfois des interventions chirurgicales. Beaucoup ne font pas de parcours médical, mais sont quand même transgenres.

Au moment de la prise en charge, le patient doit se définir en termes de genre, qu’il raconte son parcours, sa souffrance, le soutien ou non de ses proches, a-t-il des enfants, enfin souhaite-t-il une transition médicale ?

Il est essentiel de comprendre que la transidentité ne doit pas être confondue avec l’orientation sexuelle. La plupart des personnes transgenres n’ont pas recours à la chirurgie génitale.

Une souffrance liée à la transidentité qui peut se manifester est la dysphorie de genre. De quoi s’agit-il exactement ?

C’est le sentiment de détresse ou de souffrance ressenti par les personnes dont l’identité de genre sexuée ne correspond pas au sexe assigné à la naissance. Ce mal-être peut mener à des pensées suicidaires, avec un taux de suicide avoisinant 20 à 25%. De plus, l’envie suicidaire peut survenir chez des très jeunes. Ce qui fait souffrir, ce n’est pas tant la transidentité elle-même, mais l’absence d’acceptation par la société.

Le suivi psychologique demeure essentiel. Mais de nombreuses personnes transgenres n’en ont pas besoin car elles sont bien entourées, soutenues par leurs familles qui ont accepté le genre auquel elles s’identifient. En France, l’acceptation sociale progresse grâce aux médias, aux réseaux sociaux et aux luttes pour les droits LGBT.

Des associations proposent leur aide, comme l’OST (Organisation de Solidarité trans Orléans) qui organise des accueils individualisés par des personnes trans. Le GAGL 45 (groupe d’action gay et lesbien) accueille aussi des groupes de parents d’enfants trans.


En 1984, la Dr Sylviane Dullak, médecin généraliste dans le Loiret, a publié son témoignage : « Je serai Elle, mon odyssée transsexuelle ».

Personnes transgenres : la chasse aux sorcières

Aux USA, alors qu’elles ne représentent qu’une très petite partie de la population (moins de 1%), le président Donald Trump n’a pas tardé à dégainer plusieurs mesures visant à limiter les droits des personnes transgenres. Depuis son entrée à la Maison-Blanche, les décrets pleuvent, pour « mettre fin au délire transgenre ». En janvier 2025, il signe un décret où le gouvernement fédéral reconnaît uniquement deux sexes masculin et féminin définis à la naissance, donc binaires. Le 5 février il signe un autre décret « no men in women’s sports » interdisant aux femmes transgenres de participer aux compétitions féminines. Il vise aussi à restreindre les droits des personnes transgenres dans l’armée et le sport. Enfin des articles scientifiques peuvent être supprimés s’ils contiennent des termes comme transgenre, LGBT, non binaires.

Dans la moitié des États américains, les aides publiques pour les traitements de transition de genre des mineurs, chimiques et chirurgicales, sont supprimées.

Dans certains pays, en raison des lois basées sur la charia, les personnes transgenres, tout comme les homosexuels, risquent la peine de mort (l’Arabie Saoudite, l’Iran, le Nigéria, la Mauritanie ou la Somalie…)

En Europe, ce sont souvent des gouvernements ou des personnalités politiques de droite ou d’extrême droite qui manifestent leur opposition aux droits des personnes transgenres. L’extrême droite française s’illustre en adoptant une position très critique. Des figures politiques comme Éric Zemmour, Marine Le Pen ou Marion Maréchal tiennent régulièrement des discours hostiles envers les personnes trans, en s’appuyant sur un discours conservateur, alarmiste et identitaire. Ils dénoncent la supposée « idéologie woke » ou défendent la protection des « valeurs françaises » face à ces évolutions sociétales.


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  1. Au théâtre d’Orléans, “Los Dias Afuera” est programmé par le CDN, sur deux représentations, la seconde jeudi 27 mars à 19 heures 30.
    Sur le plateau, 6 femmes transgenres argentines qui vous racontent leurs vies, toutes étant passées par la case prison.
    Avec vidéos, musique, chansons et danses. Magnifique !

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