Le Conseil départemental du Loiret a annoncé début mars une réduction budgétaire de 10% pour le Planning familial 45. Alors que celui-ci finance depuis 2019 le PF45 à près de 60%, cette baisse serait un véritable coup dur pour l’association reconnue pour son action d’utilité publique. Le budget du département du Loiret sera voté définitivement le jeudi 27 mars.
Le Planning familial 45 n’est pas épargné par le contexte d’économie budgétaire. Photo Magcentre
Par Jeanne Beaudoin.
« Cette baisse est un uppercut dans l’estomac »
Alors que le Planning Familial du Loiret venait à la rencontre du Conseil départemental pour demander une hausse budgétaire, celui-ci l’a, au contraire, averti d’une probable diminution de cette aide. Une baisse estimée à 47 000 euros. « Cette baisse, c’est un uppercut dans l’estomac pour toute l’équipe », déplore Monique Lemoine, coprésidente du PF45. L’équipe avait justement la volonté de demander plus de financements afin de pérenniser les postes de deux animatrices conseillères conjugales et familiales actuellement en CDD, avec un passage en CDI. Pérenniser ces deux postes est, selon la coprésidente, nécessaire pour « répondre à toutes nos sollicitations qui ne font qu’augmenter, car les besoins sont énormes et croissants ».
L’équipe, pour le moment composée de dix animateur-ices et conseillèr-es conjugal-es et familial-es, est déployée sur de nombreuses missions. Éducation à la vie affective et sexuelle, lutte contre les violences, accompagnement pour les dépistages ou les avortements, interventions en milieux scolaires et festifs et bien d’autres encore. Ne pas pérenniser ces deux postes, c’est mettre l’équipe en sous-effectif. « Il va y avoir des choix stratégiques à faire, on va devoir prioriser les urgences. Un choix odieux puisque nous, on veut assumer correctement, comme on l’a toujours fait, les domaines qui nous sont octroyés », continue Monique Lemoine. Entre les 2 500 personnes accueillies dans les locaux et les 8 000 personnes rencontrées à l’extérieur de leur centre en 2024, le PF45 s’affirme comme une délégation du service public très utile.
Les membres du Planning Familial 45 lors de la journée annuelle d’échanges de pratiques réunissant l’équipe médicale, d’accueil, d’animation et de conseil conjugal et familial. Photo Planning Familial 45.
Les interventions en milieu scolaire sont nécessaires
Si les effectifs du PF45 venaient à baisser, la première conséquence porterait sur les interventions en milieu scolaire. En 2024, l’équipe du PF45 a animé 187 séances de sensibilisation d’éducation à la sexualité auprès de 3 600 élèves. Des chiffres importants, mais qui sont loin de couvrir tous les élèves du département. Ces interventions sont obligatoires pour tous les élèves depuis la loi du 4 juillet 2001 : « une information et une éducation à la sexualité doivent être dispensées de manière progressive dans les écoles, les collèges et les lycées, à raison d’au moins trois séances annuelles ». Pourtant, ces interventions sont rarement assurées et, lorsqu’elles le sont, la responsabilité retombe bien souvent sur les infirmier-es ou le personnel pédagogique peu formés sur ces problématiques. L’équipe du PF45, spécialisé sur ces questions, est bien plus à même de réaliser ces ateliers de sensibilisation. D’autant que « le fait d’avoir d’autres personnes à qui s’adresser, d’avoir d’autres lieux ressources – et un cadre de confidentialité – est hyper important » souligne Maïté, conseillère familiale et conjugale au PF45.
Ces interventions sont d’autant plus utiles car les discours discriminants sont toujours plus virulents, et ce dès le plus jeune âge. « Si on veut que la société puisse évoluer dans un sens positif, on a besoin de continuer à faire ce travail et à aller vers ces publics », alerte Clémentine, également conseillère familiale et conjugale au PF45. C’est aussi un excellent moyen de faire connaitre plus largement les missions du Planning familial pour ainsi « être identifié en tant que centre de santé sexuelle pour les personnes qui auront besoin de nous, car nous recevons beaucoup de jeunes dans nos locaux qui nous ont connu grâce aux interventions scolaires », continue Inès, conseillère familiale et conjugale au PF45.
Elise, Vincent, Sophie, Sandie, Clémentine et Diane, salarié-es au Planning Familial 45. Crédit Planning Familial 45.
L’aspect médical et sans rendez-vous également indispensable
Le Planning Familial se distingue par son accueil gratuit et anonyme, ouvert à tous les publics, y compris les mineur-es ou souhaitant rester discrète. « On a la chance d’avoir un accueil sans rendez-vous, ce qui facilite les visites », explique Laurence, médecin généraliste présente au PF45. Cela permet de répondre aussi aux situations d’urgence. Or, avec la menace d’une baisse du nombre de conseillères, « ça voudrait dire réduire le temps d’accueil et d’écoute, d’accompagnement et de repérage… et donc baisser la qualité de la prise en charge », conclue tristement Laurence.
Pourtant le Planning 45 est jugé avant-gardiste sur les questions relatives à la santé sexuelle. « On est reconnu au niveau national par les autres centres de santé parce qu’on a mis en place beaucoup de choses innovantes », explique Laurence. Ainsi, des professionnels de santé viennent régulièrement demander conseils pour mettre en place de nouveaux projets. L’approche collective du Planning est novatrice et d’ailleurs « valorisée par le Conseil départemental lui-même ». Une dynamique qui risque de subir un coup d’arrêt si la réduction des subventions venait à se confirmer.
Comment soutenir le Planning ?
Le PF45 a rendez-vous ce lundi 24 mars avec le Conseil départemental afin de réévaluer cette baisse. Lundi soir à 18h30, un rendez-vous de soutien se tiendra dans les locaux du PF45 afin d’annoncer la décision du Conseil départemental. « Soit ce sera la fête, soit on sera en colère », prévient Inès. Toutes les personnes qui souhaitent soutenir le Planning Familial y seront les bienvenues.
Pour soutenir le Planning Familial, vous pouvez également adhérer ou faire un don.
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