Du Montargois à la Centrafrique, dans les pas des gorilles

Léon Faure est étudiant au Muséum national d’Histoire naturelle, en 2e année de master « Écologie de la Conservation ». À 23 ans, il prépare sa deuxième mission en Centrafrique, où il étudie les gorilles des plaines de l’Ouest. À nouveau sous la direction de Shelly Masi, primatologue, il va encadrer deux autres étudiants, afin de les former, sur le terrain.

Dans les plaines de l’Ouest de la Centrafrique, Léon Faure étudie un groupe de gorilles qui évoluent dans les aires protégées de Dzanga-Sangha – photo Paul Mboko


Par Izabel Tognarelli.


Il faut l’écouter parler de la jungle : le cri des oiseaux, le bruit des insectes – qui peuvent être très bruyants – le barrissement des éléphants de temps à autre, les disputes des chimpanzés au loin, le vent dans les branches, les arbres et les fruits qui tombent. Tout se mélange en un bain sonore très différent de celui que l’on connaît dans l’Hexagone, des bruits qu’il enregistre sur son téléphone et qu’il réécoute, de temps à autre, y compris quand il revient dans son Gâtinais natal : ça lui fait du bien.

Sur le départ, pour une deuxième mission

Sa première mission a duré six mois, de juillet à fin décembre 2024. Ses yeux clairs s’arrondissent de bonheur à l’évocation de ces contrées à la végétation luxuriante, où l’on ne voit que du vert, en une canopée qui vous dépasse de plusieurs têtes. « C’est immense, c’est vraiment un autre monde ». Ce qui l’a le plus marqué, ce sont les éléphants qui, en pleine nuit, le réveillaient en passant devant la cabane dans laquelle il dort.

Son départ est prévu en avril, cette fois-ci pour un mois, à nouveau sur les aires protégées de Dzanga-Sangha en Centrafrique. Pour échanger avec les Ba’Akas, population autochtone de chasseurs-cueilleurs, il a appris le sango, langue nationale de Centrafrique, grâce à Shelly Masi, son encadrante. « Les Ba’Akas emmènent les chercheurs observer les gorilles. Grâce à eux, nous pouvons les approcher, comprendre leur comportement et leur alimentation. Sans eux, nous ne pourrions pas travailler ».

Pour ce travail d’observation, Léon part toute la journée en forêt, en compagnie de deux ou trois Ba’Akas, de 6 h 30 à 17 h 30. Il suit le groupe de gorilles – y compris s’ils traversent une rivière ou une saline – et note les comportements et interactions d’un seul individu par demi-journée. Ainsi est-il capable de vous parler du tempérament de chacun des onze individus qui composent ce groupe – un mâle, cinq femelles et quatre bébés – dont les prénoms ont été donnés par les Ba’Akas, en fonction du caractère, d’une caractéristique physique ou de leur manière d’interagir avec l’environnement. Dans cette atmosphère très humide, Léon effectue en direct la collecte des données, sur son téléphone protégé d’une pochette étanche, mais aussi sur un précieux carnet dont le papier et le crayon sont traités afin de résister à la pluie.

Les Ba’Akas guident les chercheurs au cœur de la jungle, pour leur permettre d’effectuer leur travail – photo Nuria Ortega

Les enjeux de la préservation

Cette passion pour les primates est née au ZooParc de Beauval, tout simplement, en observant un “dos argenté” descendre de sa structure, tout en délicatesse alors qu’il pesait dans les 200 kilos. Une fois installé au sol, l’animal a observé son environnement en dégageant une très grande tranquillité. « C’est fou de voir ce contraste entre le physique massif de ce gorille que l’on pense dangereux, et son caractère doux et paisible ». Mais la question qui nous taraudait était la suivante : avait-il pu plonger son regard dans celui d’un gorille ? « Dans l’imaginaire collectif, on déconseille de regarder un gorille dans les yeux, car cela peut être interprété comme un signe de défi. Mais sur le terrain, ce n’est pas vraiment le cas : on peut le regarder dans les yeux, en tenant compte du moment ». La réponse est donc oui. Par contre, si un gorille charge, il faut se maîtriser et ne pas bouger.

Shelly Masi avait le même âge que Léon lorsqu’elle est partie étudier les gorilles des plaines de l’Ouest, dans des conditions encore plus rudes que celles qu’il connaît, ce qui suscite chez lui de l’admiration. Au fil du temps, les Ba’Akas ont changé de regard sur les gorilles et ne les considèrent plus comme du gibier : « Certains Ba’Akas ont une véritable motivation pour ce travail, et ça se voit », nous explique Léon. « L’habituation des gorilles leur donne du travail et constitue un apport économique, de même que le tourisme et la conservation ». Car suivre tous les jours les gorilles éloigne les braconniers qui alimentent un commerce de bébés vendus comme animaux de compagnie : l’ensemble de la famille est tuée pour faire main basse sur le bébé.

Pour ce travail d’observation, le masque est de rigueur, afin d’éviter les contaminations de l’humain vers les gorilles et inversement – photo Andrea Sotto Mayor


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