Planter pour durer, Natur’O Lycées prépare la relève

La Région Centre-Val de Loire propose aux lycéens de combattre le réchauffement climatique la bêche à la main. Exemple concret à L’EREA Éric Tabarly de Châteauroux.

Le responsable des espaces verts le promet. Dans deux ou trois ans, le scion atteindra 1m80. Photo Pierre Belsoeur


Par Pierre Belsoeur.


Planter c’est bien, mais durer c’est mieux. Le projet Natur’O Lycées fait toucher du doigt, de pied en l’occurrence, la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. L’EREA Eric Tabarly, à Châteauroux, n’est peut-être pas le plus mauvais élève des établissements d’enseignement secondaire qui dépendent de la région Centre-Val de Loire. Ses bâtiments administratifs, d’enseignement, de formation technique, et d’internat sont implantés au milieu de vastes espaces verts. Mais des espaces vides justement, sur lesquels Corinne Fouquet, l’ingénieure chef de projet de la Région et Luc Vancrayelynghe, le paysagiste-conseil, ont proposé de faire pousser une mini forêt sur 1 700 m².

Des graines à mémoire active

Le temps du politique n’est pas celui de la nature et généralement les élus inaugurent des plantations spectaculaires d’arbres ayant un vécu. Avec Nature’O Lycées on fait tout le contraire. Les scions à racines nues proposés aux élèves (chênes pubescents, poiriers et pommiers sauvages, noisetiers, sureaux noirs, etc.) sont ridiculement petits, mais prendront racine plus facilement que de gros sujets et seront surtout complémentaires pour faire pousser cette forêt. « Tous ne survivront pas, convient le paysagiste, mais les mycorhizes (filaments alliant racines et champignons) qui vont coloniser le terrain vont leur permettre de se développer harmonieusement ».

Corinne Fouquet, chef de projet Nature'O Lycée
Corinne Fouquet, chef de projet, n’a pas hésité à payer de sa personne au milieu des lycéennes. Comme elles, elle aura un arbre à son nom. Photo PB


L’autre particularité de cette opération c’est de faire appel à la marque « Végétal Local » autrement dit des sujets obtenus à partir de graines récoltées localement en milieux naturels. Ce n’est pas un snobisme écolo mais, explique Luc Vancrayelynghe, « ces graines gardent en mémoire les variations climatiques de l’endroit où elles vivent. Ainsi, sous prétexte de réchauffement climatique on a beaucoup planté de micocouliers de Provence, une bonne idée en période de sècheresse, mais avec l’humidité qui est la nôtre depuis plus d’un an le nombre de pertes est problématique. Même chose pour les frênes importés de Pologne qui ont développé la chalarose, maladie due à un champignon ».

La belle journée de Slimane

Tous les élèves ne s’étaient pas équipés dans la perspective de domestiquer une terre particulièrement « amitieuse » comme on dit en Berry. En plus de la boue qui collait aux chaussures et aux bêches, les cailloux calcaires rendaient l’opération plantation « sportive ». Pourtant un élève au moins a particulièrement apprécié cette animation. Slimane, 15 ans, s’est retrouvé à l’EREA en section maçonnerie, faute d’avoir pu intégrer le lycée Naturapolis. « Mon premier choix en sortie de troisième était de devenir paysagiste, mais je n’ai pas trouvé de maitre d’apprentissage. Les notions de maçonneries me seront de toute façon utiles, mais je continue de chercher un maître d’apprentissage pour l’année prochaine. Je ne viens pas d’une famille d’agriculteurs, en revanche j’avais des amis dont les parents étaient agriculteurs, c’est auprès d’eux que j’ai pris goût au métier ». La présence de Slimane est aussi une aubaine pour Nathalie Béal, proviseure de l’EREA. « Slimane est particulièrement investi dans la vie scolaire de l’établissement et il est chargé d’accompagner ses camarades au cours de cette journée. Peut-être aura-t-il lui aussi profité de ces plantations pour établir des contacts utiles pour son avenir ».

Nathalie Béal (proviseure) et son « délégué scolaire » Slimane Gibot
Nathalie Béal (proviseure) et son « délégué scolaire » Slimane Gibot. Photo PB

 

Une opération à 150 000 €

L’EREA a profité d’une enveloppe de 150 000 € pour les travaux d’aménagement et de plantation de la micro-forêt, mais aussi pour la construction d’un amphithéâtre végétalisé. Un investissement qui sera partiellement rentabilisé par la diminution de la surface à tondre estime le paysagiste.

L’EREA Éric Tabarly est le deuxième établissement profitant de l’opération dans l’Indre, après le lycée George Sand de La Châtre et juste avant le lycée Balzac d’Issoudun. Au plan régional, a rappelé la conseillère régionale Mathilde Fouchet, huit opérations ont été menées en 2023. Douze sont programmées pour cette année scolaire et six pour la prochaine.

Ces mini-forêts ne réclament ni taille ni arrosage et bénéficient d’un épais paillage pour faciliter le bon démarrage des scions. L’autre enjeu du dispositif dans les établissements de centre-ville, ce sont des opérations de désimperméabilisation des sols par la création, dans les points bas, de massifs plantés qui pourront recueillir et absorber les eaux de pluie.


Plus d’infos autrement :

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