Philippe Auclerc, grand connaisseur de la Loire, nous a quittés

Philippe Auclerc était un vrai Berrichon. Son enfance passée dans les mégisseries d’Issoudun lui avait forgé un caractère bien trempé. Il eut ensuite plusieurs vies qui en firent un fin connaisseur du territoire ligérien et au-delà, connaissance et passion qu’il fit partager au plus grand nombre.
 

Philippe Auclerc cl CC


Par Christian Chenault.



Il y eut la vie d’un facteur en milieu rural (il connaissait le Berry comme sa poche), puis celle d’un commercial à La Nouvelle République de Tours (où ses missions lui firent parcourir et découvrir toute la zone de diffusion de ce journal qui, à l’époque, couvrait le Cher, l’Indre, le Loir-et-Cher, le Loiret et l’Indre-et-Loire) et puis enfin, s’étant établi à Combleux, près d’Orléans, celle de rédacteur en chef de La Loire et ses Terroirs, magazine qu’il créa en 1992 et dirigea jusqu’en 2023. Ce dernier étant, bien sûr, dédié à tout le territoire ligérien, non seulement à la vallée de la Loire, mais aussi à l’ensemble de son bassin. De 2010 à 2013 il édita également un magazine consacré à la Vienne. Sa passion pour les fleuves l’avait même poussé, à tenter auparavant le lancement d’un périodique intitulé « Fleuves et rivières du Sud-Ouest », qui parut en 1996 et 1997.

Un homme de conviction

Philippe Auclerc était un homme de conviction. Si les institutions ou divers organismes (agence de l’eau, plan Loire grandeur nature, mission val de Loire, E.D.F, etc.) proposaient des projets inappropriés, il ne manquait pas de les épingler et de les interpeller. Les pseudos plans et inactions par rapport au sauvetage du saumon, notamment, l’irritaient profondément, à tel point que dans son magazine il publia un jour une page blanche sur le sujet.

Philippe Auclerc était un homme de Loire, une de ses “personnes-ressources” les plus fiables. Tant qu’il le put, il s’est appliqué, avec Agnès Martin, à rédiger ses « Nouvelles du Bassin de Loire » où il faisait une analyse critique de toutes les actions et textes relatifs au fleuve et à la gestion de l’eau. Celles-ci ont dû, hélas, cesser en novembre 2024 au 239e numéro. Les administrations qui n’étaient pas épargnées par ses jugements pertinents le savaient. Il était connu de tous les acteurs de terrain et des gens du fleuve. C’est ainsi que son ami saumurois Jacques Robin dit “Vent d’Travers” vint lui construire une toue cabanée sur les quais de Combleux en 2001. Un chantier mémorable.
Philippe Auclerc était un excellent photographe, un remarquable rédacteur et un chercheur obstiné. Les centaines d’articles parus durant une trentaine d’années dans La Loire et ses Terroirs sous son nom ou son pseudo, Michel Robert, font référence et continueront à le faire longtemps. Il était aussi un très bon metteur en page comme le prouvent les ouvrages parus aux éditions Loire & Terroirs.

Emporté, en moins de quatre mois, à 72 ans, par une maladie auto-immune, il laisse un grand vide dans le monde des passionnés de la Loire. Ce fleuve qu’il a valorisé toute sa vie et qui a recueilli ses cendres le 7 mars dernier.

Photo de Une : Philippe Auclerc et Vent d’Travers en 2018 cl CC


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Commentaires

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  1. Philippe a aussi eu en charge, pendant plusieurs années autour des années 90, de la diffusion des Nouvelles d’Orléans, hebdo orléanais indépendant qui se voulait, lui aussi, une autre voie d’info, ou une info autre, mais qui se limitait aux événements orléanais. Une rédaction d’une dizaine de journalistes et un staff de fabrication de quatre personnes. Indépendant, il a été racheté en 90 par la Nouvelle République, qui a mis fin un an plus tard à sa parution à cause de son léger déficit.

  2. Merci à Christian Chenault pour ce bel hommage rendu à Philippe. Du fait de l’éloignement géographique nous nous étions perdus de vue depuis fort longtemps. Mais il est toujours resté dans ma case à mémoire, parmi ceux rencontrés au cours d’une vie et qu’on n’oublie jamais.

  3. Sur Les Nouvelles d’Orléans : pour éteindre le déficit des Nouvelles d’Orléans, en effet marginal mais répétitif, la NR s’est lancée dans une stratégie d’extension des Nouvelles qui induisait au départ un coût supplémentaire. Très vite cette stratégie s’est révélée perdante, accentuant les pertes sans grand espoir de les résorber dans un délai raisonnable. D’où…
    J’avais assisté au siège de la NR à la réunion de présentation de cette stratégie. Devant tous les cheffés présents, le petit morveux que j’étais n’a pas osé prendre la parole pour les contredire. Je m’en veux encore, mais mon intervention n’aurait rien changé à la décision prise.
    Yves Mary

  4. Si mes souvenirs sont bons, dans le dernier numéro des Nouvelles un journaliste avait titré ” Le grand Cricq nous croque” faisant référence à Jacques Saint-Cricq le grand humaniste directeur de la NR à l’époque.
    L’intéressé n’avait parait il pas aimé du tout…
    Bon vent à toi Philippe qui aimait les gens et les saumons.

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