Une fin de saison diablement éclectique et gourmande à l’Astrolabe

La programmation du dernier trimestre de la saison de la SMAC orléanaise promet d’être excitante et gourmande. L’Astrolabe cochera toutes les cases en alternant les couleurs et les ambiances. Jugez plutôt. Psyché folk américain, techno-punk irlandaise, rap français, reggae de Bristol, rock new-yorkais, musique africaine du Sénégal ou encore chanson française avec Solann, toute récemment sacrée aux victoires de la musique, se succéderont jusqu’en juin.

Par Olivier Joriot.

Dès le 17 mars, la techno-punk industrielle des trois Irlandais de Chalk fera sans aucun doute trembler les murs du Club. Et ça tombe bien, car le groupe n’arrive pas les mains vides puisqu’il vient de boucler sa trilogie de EP, avec la sortie du dernier opus Condition III. On retrouve dans la musique de Chalk tout ce qui fait actuellement la scène noise irlandaise. Sur scène, le groupe dégage une puissance et une euphorie incroyables sublimées par le chant incarné et halluciné de Ross Cullen. Soirée idéale pour célébrer la Saint-Patrick.

Le 21 mars, place à la finale du concours Jeunes Talents proposé par la ville d’Orléans. Musique, théâtre et danse sont au programme. Et pour clôturer la soirée, deux concerts sont à l’affiche. Tshegue emmené par Faty Sy Savanet, d’origine congolaise, propose un set énergique et exalté où rythmes afro-cubains, transe électro et rock se télescopent. Une musique hybride, explosive taillée pour faire bouger les foules.

C’est ensuite le duo Angle Mort & Clignotant qui nous conviera pour un voyage hilarant et bondissant dans un univers rap/électro. Ce tandem orléano-roubaisien aux paroles décalées ne manquera pas de nous faire « dégoupiller » à coup de refrains entêtants et de rythmes stroboscopiques ou métronomiques.

La soirée 808 lab célébrera le rap et plus particulièrement le retour sur scène de H JeuneCrack. Bercé par le rap et les rimes dès son plus jeune âge, ce jeune rappeur né à Lille, à la fois auteur, compositeur et interprète profitera de l’occasion pour présenter au public ses premiers EP et ses nouveaux titres comme « La taupe » ou « Kaboul kitchen ».

Du Sénégal à Manchester

Après la soirée techno tardive Opening the experience du 29 mars, c’est Solann qui investira la grande salle de l’Astrolabe, toute auréolée de sa victoire de la musique dans la catégorie révélation féminine. Au-delà de cette récompense, Solann s’impose comme une artiste sensible, émouvante, toute en nuances, qui alterne douceur et explosions libératrices.

Cap sur le Sénégal le 5 avril. Formé à la fin des années 70, le groupe Dieuf-Dieul de Thiès se sépare après quatre ans d’existence. Il faut attendre 2015 pour qu’il se reforme. En tournée européenne actuellement, ce groupe est certainement l’un des derniers groupes de cette époque encore en activité. Au programme, guitares fuzz, cuivres et percussions pour un cocktail afro-psychédélique.

Attention à vos oreilles le 12 avril ! A place to bury strangers est considéré comme le groupe le plus bruyant de New York. Il faut dire que le trio emmené par Oliver Ackermann a le don de repousser les limites du bruit et du rock. Cela promet un concert dévastateur mélangeant noise rock, shoe gaze et post punk. Bouchons d’oreilles obligatoires.

Place à la soirée « I’m feeling supersonic » le 25 avril. Orchestré par l’équipe du Supersonic Club de Paris, lieu à la pointe en matière de rock émergent, deux concerts (Marathon des Pays-Bas et Smile d’Allemagne), et un DJ set aux parfums post punk, new wave ou classic rock seront au menu de vos oreilles.

Direction les États-Unis, le 13 mai, avec le duo Cocorosie formé en 2003 par les sœurs Casady. Sierra est une chanteuse d’opéra et comédienne de théâtre, et Bianca est une poétesse et une artiste visuelle. Féministes, anti-Trump affichées et engagées, il est bien difficile de classer leur musique tant leurs influences sont variées. Psyché-folk, opéra, hip hop ou encore électro, les deux frangines ont l’art de brouiller les pistes. À ne pas rater.

Joe Yorke est un porte-drapeau indéniable de la nouvelle scène reggae anglaise. Fan inconditionnel du reggae jamaïcain des années 60 à 80, le chanteur, compositeur et producteur d’origine mancunienne, au falsetto envoûtant, viendra présenter son troisième album solo « Hopeless ». Un rendez-vous à ne pas rater le 15 mai pour les amateurs de roots reggae. En attendant allez écouter le magistral single Downbeat melody enregistré avec The cooperators.

Nul doute que la prestation des nord londoniens de Warmdusher prévue le 27 mai ne laissera pas indifférente. D’abord pour leur réputation de groupe festif et un peu bordélique, ensuite pour leur musique qui convoque des univers musicaux aux antipodes les uns des autres. Un groupe bigrement singulier.

La saison 2024-2025 s’achèvera le 3 juin avec un apéro concert placé sous le signe du post-punk. Aux manettes, le groupe de Brooklyn TVOD (traduisez Television Overdose) dont le leitmotiv est de « faire bouger les gens sans être trop compliqués ni trop simples ». Un programme idéal pour baisser le rideau sur cette saison astrolabesque.

Maintenant, à vous de faire votre choix. Ce qui est sûr, c’est qu’il y en a pour tout le monde et pour toutes les oreilles curieuses.

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