Le collectif suisse Old Masters a proposé ce mardi 11 mars salle Vitez, au Théâtre d’Orléans, un spectacle formellement magnifique. C’est la musique qui fait avancer la représentation. Les trois personnages masqués comme trois marionnettes, restent muets et figés dans leur attitude. On aurait voulu plus d’éléments pour faire décoller vraiment le spectacle.

Les trois personnages. Photo Émeline Guéméné.
Par Bernard Cassat.
Ils sont trois dans une grotte poilue et blanche. Trois « fins de race », comme ils le disent eux-mêmes. Enfin, le disent ? Non. Ils ne disent pas un mot, en fait. Ils sont assis là, sur leur banc, et leurs pensées, ou leurs dialogues, comme on veut, sont projetées sur la paroi de la caverne, comme des sous-titres.
Ils, ou elles, qui sait, ont des costumes insensés. Une robe de mariée, mais le personnage porte un masque plutôt simiesque au visage barré d’un signe comme Zorro. Un autre, genre paysan suisse, avec un masque de carnaval, un gros nez et une fausse main. Et la troisième, en robe rouge à volants, porte un masque tressé avec une trompe et un chapeau plat.

Le décor et les trois personnages. Dorothée Thébert Filliger
Ils sont beaux, tous les trois. Et leurs pensées qui s’affichent sont du côté de la déconstruction, de la révolte par moment. Version soft quand même, puisqu’ils veulent gratter la société pour la changer, plutôt que de tout casser. Comme les prisonniers de la caverne de Platon, ils voient des ombres, s’étonnent, prennent ombrage. Pas de message organisé et clair. Des pensées, des petites pensées, des riens qui se déroulent sans former vraiment un message global, mais qui sont plutôt sympathiques pris un par un. Ils s’essaient à l’humour mais sans réellement convaincre.
Avec en continu la musique de Nicholas Stücklin, de style répétitif, parfois planante, parfois pleine de grondements paléolithiques. Attachante, prenante, mais qui nous ramène toujours au même point.
Une belle idée pas suffisante
L’idée de base de cette Bande Originale était plutôt excitante : pas de parole, uniquement de la musique, des personnages comme des marionnettes, sans visage, sans dialogue. Et les sous-titres comme seul texte. Mais les laisser sans bouger pendant quasi tout le spectacle, ça fait beaucoup. Et quand ils bougent, c’est tout doucement, un par un, pour faire le tour du décor. Il aurait fallu d’autres idées excitantes de mise en scène pour tenir l’heure et quart. Les jeux de lumière, impressionnants dans leurs variations, amènent presque une certaine action. Mais peu, trop peu. Pas assez pour que l’attention reste monopolisée. Surtout que les pensées ne sont pas fondamentales. Platon a fait mieux… Le travail formel est certes poussé et réussi. De vraies marionnettes posées dans le décor auraient proposé le même spectacle. On se dit que c’est dommage, quand même !
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