Magcentre est allé à la rencontre de ces personnes qui, bénévoles ou professionnelles, dans l’ombre ou sur le devant de la scène, mettent leur talent au service de la culture musicale. Pour la faire connaitre, la développer et la diffuser à tous les publics.
Aujourd’hui : Serge Ceccaldi, compositeur
Serge Ceccaldi en concert. Photo Michel Piedallu
Par Anne-Cécile Chapuis.
Serge Ceccaldi a un parcours atypique. Il a commencé la musique en autodidacte, jouant du violon sur un petit instrument acheté au marché aux puces, découvrant par lui-même la guitare, l’accordéon, la mandoline… avant de rallier les structures du conservatoire d’Orléans et de la faculté de musicologie de Tours.
Fort de ses expériences et soucieux d’une musique accessible à tous, il fonde « Musique et Équilibre » dans des conditions très « kamikazes », sans argent, sans locaux, mais animé d’une forte conviction pour un « apprendre autrement ». Cette initiative rencontre un grand succès depuis 1986 et réunit aujourd’hui environ 400 élèves avec plus de 30 disciplines dans deux lieux orléanais : le 108 rue de Bourgogne et l’Argonaute du Boulevard Marie Stuart. Serge Ceccaldi l’a dirigée jusqu’à sa retraite en 2020. Il en parle avec beaucoup de chaleur : « On a mis 15 ans à s’imposer, en butte à énormément de critiques, mais on a tenu bon, relevé les manches et les défis, et on a fini par être reconnus par les pouvoirs publics, encouragés par l’engouement du public d’élèves de tous âges ».
Parallèlement à sa démarche pour une école alternative, il rejoint les instances officielles des musiques d’aujourd’hui. Il devient « Personne qualifiée » au sein de la FNEIJMA (Fédération Nationale des Ecoles d’Influence Jazz et Musiques Actuelles) en 2015, et en prend la présidence. Il est membre de la CNM (Centre National de la Musique), un peu déçu par ces instances surchargées de dossiers étudiés trop hâtivement alors qu’il souhaiterait plus de hauteur et compréhension voire négociation sur les projets.
Un compositeur-créateur avant tout
« La musique, c’est un bol d’air » affirme Serge Ceccaldi qui possède à son actif plus de 600 compositions de tous ordres : pièces pour vielle à roue (primées lors d’un concours en 1991), pièces pédagogiques, chorales, instrumentales, harmonisations, musiques de scène… Sa musique est originale. « J’aime les dissonances et les accords complexes, les mouvements qui glissent en dégradé, les rythmes issus du jazz ». Si ses compositions ont été toutes jouées au moins une fois, peu d’enregistrement ont été réalisés.
Quelques-unes de ses pièces ont cependant émergé des placards où elles étaient empilées, grâce à ses fils, Théo et Valentin, musiciens professionnels, qui ont réalisé l’album « Constantine ». Une belle surprise pour ses 60 ans où des grandes pointures de la musique ont participé à un enregistrement paru en 2020.
Des projets hors du commun
Serge Ceccaldi est aussi un chef de chœur. La chorale de Musique et Équilibre s’est structurée en association (l’association 3cinq12) et a produit des spectacles inédits, comme Bach to Africa (musiques de Jean-Sébastien Bach pour chœur, orchestre et percussions africaines), la musique de Bob Chilcott, et tout récemment « Amour, amours » un spectacle sur les chansons françaises harmonisées et revisitées par lui-même pour chœur, orchestre et récitant qui a fait salle comble à la Maison des Arts et de la Musique d’Orléans le 1ᵉʳ mars dernier.
Serge Ceccaldi dirige l’ensemble Composite le 1er mars à Orléans. Photo Michel Piedallu
Un homme tout terrain
À sa retraite, Serge a investi dans la construction. Il a restauré une maison de 1 000 m² en se frottant à (presque) tous les corps de métier (maçonnerie, plomberie, électricité, carrelage…). Parallèlement, il poursuit le projet de voir ses musiques un jour éditées, et fourmille d’idées pour continuer avec l’ensemble Composite (chœur et orchestre gérés par 2cinq12).
Un artiste inclassable, poète, génie, amoureux des rencontres et de la vie, qui mène des projets ambitieux et parfois un peu fous, mais qui verront certainement le jour car, laissons-lui le mot de la fin : « Je suis un bâtisseur et chez moi, rien n’est mesuré ! »
Pour aller plus loin dans Magcentre :
Musique et Equilibre : une belle histoire à épisodes !