Quel bonheur, quelle passion, quel enthousiasme ! Et quel talent aussi ! Samedi, à quelques jours des représentations de l’opéra « Carmen » au Zénith d’Orléans, toute la distribution de La Fabrique Opéra Val de Loire, a enchanté le cœur de ville. Engouement fervent du public.
Par Jean-Dominique Burtin.

Samedi midi, Clément Joubert, médiathèque d’Orléans. Photo JDB.
Pour sa dixième édition, La Fabrique Opéra Val de Loire collabore avec Quentin Delépine pour aborder cette histoire d’amour obsessionnel et de jalousie meurtrière. Dernier opéra de Georges Bizet (1838-1875), à l’histoire résolument moderne et profondément humaine, « Carmen » est aussi l’un des dix opéras les plus joués au monde.
Une folle journée marathon de sensibilisation
Ce samedi, journée marathon, l’engagement est de mise et la ferveur communicative des artistes ne peut que séduire. Avant la représentation au Zénith d’Orléans, du 19 au 23 mars, tout commence en matinée de ce samedi 8 mars, par une conférence de
Clément Joubert proposée à l’auditorium Marcel Reggui, définitivement comble, de la médiathèque d’Orléans.
Ici, le directeur artistique du projet et le chef de L’inattendu Orchestre Symphonique évoque par le menu ce chef-d’œuvre de Bizet qu’il reprend, dix ans après, afin de montrer que les mêmes notes et les mêmes paroles, après la mise en scène heureuse de
Jean-Claude Cotillard, et avec aujourd’hui celle de
Quentin Delépine qui fut, jusqu’en 2004, l’assistant de toutes les productions de la Fabrique, peuvent offrir de nouvelles pistes à explorer.

Samedi midi, médiathèque d’Orléans, Carmen au cœur du public. Photo JDB.
Un drame, un mythe, fête tragique emplie d’amour
Clément Joubert, à l’auditorium de la médiathèque d’Orléans : « Carmen c’est ça, c’est magique, Bizet a réussi à composer une œuvre magique qui plait à tous ». Et l’artiste et créateur orléanais, musicologue compositeur et analyste, de se lancer avec une science musicale et un humour fou dans l’évocation de cette œuvre qui conjugue mystérieusement la malédiction du chiffre trois (trois ans, trois dates, trois thèmes). Avec verve le maestro séduit en joignant la petite histoire de la grande histoire et la grande histoire de la petite histoire. Un régal. Et Clément Joubert d’évoquer encore, outre ce Brahms qui assista vingt fois à l’œuvre, de citer Nietzsche qui fut en son temps et à sa manière si élogieux : « Voici, enfin, un opéra qui n’est pas du Wagner ».
L’éloquence du mime, la puissance de la parole
Fabuleux lutin, patelin effervescent toutes griffes douces dehors avec un zeste de sensualité gourmande, conteur dansant qui campe le festif et le tremolo du drame, Clément Joubert conjugue avec entrain l’éloquence du mime et la puissance de la parole, évoque les extraits de l’œuvre, son à l’appui, et les grands thèmes de « Carmen » tout en regrettant, amer et désolé, de ne pas avoir le 06 de Bizet.

Clément Joubert au Martroi, l’art et la passion scrupuleuse. Photo JDB.
Lors de cette leçon de musique à la fois essentielle et buissonnière pour la compréhension de l’opéra, le maître d’œuvre est à l’évidence ému et déclare, en cette journée dédiée à la défense des Droits de la femme : « Carmen, si nous la regardons ainsi, c’est parce qu’elle est fière d’être celle qu’elle est et que l’on regarde ». Hommage.
Un point d’orgue pour la foule au Martroi
En milieu de journée, à la fin des flashmobs proposés dans le hall de la médiathèque, puis à la Fnac et aux Galeries Lafayette d’Orléans, advient celui sur la place du Martroi, un point d’orgue, sourire sur le gâteau. Avec des centaines et des centaines de spectateurs. Alors, Séraphine Cotrez entre en scène, avec une renversante présence. Sans nul doute, cette dernière ne peut que surprendre et dérouter, au pied de la statue de Jeanne d’Arc, toutes les voix que cette dernière a pu entendre. À Orléans, ce samedi, Séraphine Cotrez, à la voix résolument pure et intense, nous saisit en lançant que l’amour est enfant de Bohème. À dire vrai, cette artiste on ne peut plus souriante et d’une flamboyante fraîcheur, n’en finit pas, épanouie, radieuse et disponible, de toucher le public. De son côté, toujours ce samedi, Clément Joubert ne laisse rien paraître d’un parcours sans doute épuisant. Il est scrupuleusement à l’écoute amicale et confiante de ses musiciens qui le lui rendent à merveille.
Tout est ici magique, radieux et généreux
Et puis surgit sur scène, à son invitation, le toréador, l’un des personnages de « Carmen », cet Escamillo interprété par Dmytro Voronov qui emporte à son tour le public et ne peut, dans l’allégresse générale, que tomber la veste telle une cape. Après le délicieux Chœur des enfants, dirigé par Corinne Barrère, doux air lancé du cœur de la place du Matroi, tout est ainsi de nouveau magique, radieux et généreux.

Au Martroi, Dmytro Noronov, Escamillo, le toréador. Photo JDB
À l’issue de cette journée de liesse, Séraphine Cotrez, une nouvelle fois lumineuse de simplicité, nous déclare qu’elle s’est trouvée heureuse de pouvoir, ce samedi, «
interagir en pleine lumière avec le public, et de pouvoir participer à une si belle aventure sous la conduite d’une équipe et d’un chef d’orchestre magnifiques d’humanité ». Nouvel instant de grâce.
Informations pratiques
« Carmen », par Fabrique Opéra Val de Loire, opéra de Georges Bizet. L’Inattendu Orchestre Symphonique direction Clément Joubert. La Musique de Léonnie Chœur Opéra direction Corinne Barrère. Mise en scène Quentin Delépine. Scénographie Ludovic Meunier. Costume Paula Dartigues. Représentations les 19, 21, 22, 23 mars 2025 au Zénith d’Orléans.
Contact : 0953050455. Billetterie : 0782877621

Place du Martroi, accueil La Fabrique. Photo JDB.
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