Annoncée la veille au soir, la visite impromptue de Bruno Retailleau à Orléans ce vendredi 7 mars remplissait au moins trois objectifs pour le ministre de l’Intérieur, par ailleurs candidat à la présidence de son parti les Républicains, voire à l’investiture pour les prochaines présidentielles.
Par Gérard Poitou.
Pour une fois, on ne pourra pas dire que le choix d’Orléans se justifiait par la proximité de la capitale, visiblement le ministre de l’Intérieur tenait à saluer la politique sécuritaire de la ville johannique, citée en exemple par le ministre à la plus grande satisfaction tant des élus que des acteurs de terrain, policiers municipaux convoqués pour l’occasion le centre opérationnel de la police municipale. Florent Montillot était au taquet et Serge Grouard ne cachait pas sa satisfaction de cette reconnaissance ministérielle qui recommande de prendre exemple sur la politique orléanaise, notamment pour l’auteur d’un opus quelque peu oublié intitulé « Assez de mots, des actes – Comment rétablir la sécurité » sorti en 2021 sans beaucoup d’écho. L’occasion accessoirement pour le ministre de donner raison au maire d’Orléans dans sa polémique avec la préfète Sophie Brocas à propos des migrants délocalisés depuis Paris, vecteurs d’insécurité selon la logique répétée de l’élu de criminaliser l’immigration en dépit des chiffres de la délinquance locale.
Devant les militants et sympathisants du parti LR
La double casquette du ministre candidat à la présidence du parti LR pose une nouvelle fois la question du mélange des genres : après la visite municipale en mairie, le ministre s’est rendu à la salle Eiffel, tout à côté, pour un mini bain de foule parmi 200 militants réunis en toute hâte pour accueillir le ministre-candidat, l’occasion pour ce dernier de reprendre son propos sur la renaissance de son parti redevenu « crédible et audible ». L’occasion aussi de panser les plaies des divisions locales passées avec le retour d’Olivier Geffroy au sein de la famille LR alors que Serge Grouard se réserve pour reprendre sa carte du parti.
Le groupe Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes (RCGE) a dénoncé la venue de Bruno Retailleau. « Le ministre de l’Intérieur poursuit sa campagne électorale pour la présidence de son parti, à Orléans, au frais de l’État ! La visite ministérielle prévue le vendredi 7 mars ressemble plus à une visite à un ami et à un exercice de surenchère, d’autosatisfaction et de félicitations réciproques avec un programme 100 % Ville d’Orléans à la gloire du bilan sécuritaire du maire d’Orléans aux résultats fort contestables. Et cela, alors qu’il y a à peine une semaine, le maire d’Orléans s’enfonçait dans son discours habituel contre les étrangers et défendait l’idée fausse et contredite par tous les rapports sérieux qu’à situation similaire les étrangers étaient plus criminogènes que les nationaux – faisant ainsi un lien délétère entre délinquance et immigration. »
Maire ou ministre : il faut choisir
Évidemment, cette visite s’inscrit aussi dans la perspective des prochaines élections municipales, cette reconnaissance ministérielle qui fait d’Orléans un exemple, est bien sûr un soutien manifeste à celui qui ne s’est pas encore déclaré candidat à un cinquième mandat. Alors que l’opposition multiplie les initiatives pour se rassembler, ce coup de pouce au maire sortant ne passe pas inaperçu.
Reste que le maire d’Orléans se rêve sans aucun doute, suite aux louanges du ministre, un destin national jamais satisfait, sa proximité inspirante d’alors avec François Fillon ayant abouti au désastre électoral que l’on connait. Sauf réforme, l’actuelle loi sur le cumul des mandats lui interdira alors la double casquette…
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