L’ambiance n’est pas à l’euphorie dans la région qui doit faire face comme partout ailleurs à une ponction de l’État et à un environnement international inquiétant. Mais refusant la « sinistrose » le Centre-Val de Loire veut faire de l’ESS – dont une nouvelle stratégie 2025-2030 va être adoptée – un outil de sauvegarde économique.
L’économie sociale et solidaire, une boussole précieuse en période de turbulences économiques. ©Pexels
Par Jean-Jacques Talpin.
C’est un message d’inquiétude que François Bonneau va servir ce jeudi 6 mars aux élus régionaux réunis en session à Orléans. « Dans un contexte international éruptif, il faut affirmer l’unité de l’Europe pour une défense européenne », explique-t-il. Certes la France a désormais un budget voté à l’arraché mais sans pour autant avoir levé toutes les questions. Bien sûr les demandes d’économies imposées par le gouvernement ont été revues à la baisse. N’empêche, ce sont 50 millions d’euros qui manquent dans le budget de l’État dont 30 millions liés à la TVA et 2,4 M€ pour la formation des aides-soignants. « C’est injuste et injustifié », regrette François Bonneau surtout dans un climat économique qui va voir certains secteurs comme l’automobile peiner. Pour autant, « pas question de céder à la sinistrose » alors qu’il faut au contraire « mobiliser les énergies, accompagner les entreprises, impulser des outils de redémarrage ».
Pas question de revenir sur les coupes de la culture !
Pour aider son tissu économique où certains secteurs affichent toujours une belle santé comme la défense et l’aéronautique, la pharmacie ou l’agro-alimentaire, la Région veut maintenir son niveau d’investissement à hauteur de 400 millions et pourrait adopter une taxe sur la mobilité de 0,15% de la masse salariale des entreprises. Un correctif budgétaire sera adopté en juin pour tenir compte de l’évolution de la situation. Mais pas question de revenir sur des coupes qui ont notamment affecté le secteur de la culture. « Nous allons réduire nos aides à la culture de 3%. C’est une des plus faibles en France alors que nous sommes la région qui soutient le plus massivement la culture », insiste François Bonneau.
Large concertation
L’économie sociale et solidaire (ESS) est l’autre outil de la Région pour maintenir son tissu économique. Cette « autre économie », loin des fondements du capitalisme financier, réunit fondations, associations, mutuelles et coopératives. Après une première étape entre 2018 et 2023 – dont le CESER regrette le « bilan mitigé » – la Région adopte ce jeudi sa nouvelle « stratégie régionale de l’ESS 2025-2030 ». Une stratégie qui s’appuie déjà sur un existant solide avec 8 700 établissements, 95 000 salariés, soit 14,2% de l’emploi privé, 2,4 milliards de masse salariale, 57 000 associations (dont Magcentre), 84 fondations et 139 tiers-lieux. Une large concertation (jugée « exemplaire » par le CESER) de tous les acteurs a été menée en 2024 en associant tous les acteurs de cette économie.
« Hybridation » avec l’économie traditionnelle
Une panoplie d’outils va être mise en place ou renforcée avec de nombreux outils financiers, logistiques ou d’ingénierie. La Région veut d’ailleurs s’appuyer sur la reprise de Duralex en coopérative pour montrer la pertinence de l’ESS pour la reprise mais aussi la création d’entreprises. Cela passe notamment par le renfort des liens et de « l’hybridation » avec l’économie traditionnelle mais aussi avec les collectivités qui doivent s’engager. Des objectifs concrets ont d’ailleurs été fixés : parvenir à 2 800 salariés engagés dans une coopérative d’ici 2030 (contre 1 400 en 2023), mobiliser 20 collectivités. Il ne s’agit rien de moins que « participer à la transformation du tissu économique régional et engager toute l’économie ». Pour cela l’ESS est riche de son tissu mais aussi de multiples énergies militantes et souvent bénévoles.
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