Être obèse, la double peine

« Le cerveau est constitué essentiellement de graisse. Les plus nobles pensées humaines naissent dans le gras ». Amélie Nothomb


Le mardi 4 mars 2025 marque la Journée mondiale contre l’obésité devenue pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) une « épidémie » planétaire. C’est l’occasion de rappeler que l’obésité est une maladie aux effets physiques néfastes mais que la stigmatisation des personnes obèses a des conséquences tout aussi délétères et qu’il faut dénoncer.

La pratique d’une activité physique adaptée contribue au bien-être et à la prévention de l’obésité. ©Pixabay


Par Jean-Paul Briand.


Pendant longtemps, on a considéré qu’une personne était obèse d’après son indice de masse corporelle (IMC). Cet indice, développé par le mathématicien belge Adolphe Quetelet (1796-1874), se calcule en divisant le poids en kilogrammes par le carré de la taille en mètres. On est qualifié d’obèse quand l’IMC était égal ou supérieur à 30 kg/m² (entre 25,0 et 29,9 kg/m², il existe seulement un surpoids). Cependant les connaissances évoluent et la démarche diagnostique, clinique et thérapeutique change. Aujourd’hui on sait qu’un IMC supérieur à 30 kg/m² peut correspondre à une masse musculaire importante plutôt qu’à un excès de graisse. Ainsi l’IMC n’est qu’un indicateur parmi d’autres et c’est son association avec des problèmes de santé qui caractérise l’obésité en tant que maladie.

L’épidémie de surpoids

Selon l’OMS, en 2022, une personne sur huit dans le monde était obèse. L’obésité chez les adultes a plus que doublé depuis 1990 et chez les adolescents elle a quadruplé. La même année, 2,5 milliards d’adultes (âgés de 18 ans et plus) étaient en surpoids, dont 890 millions étaient obèses. En outre, 43 % des adultes de plus de 18 ans étaient en surpoids et 16 % étaient obèses. Chez les enfants, 37 millions de moins de 5 ans et plus de 390 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids, dont 160 millions étaient obèses.

Cette épidémie n’épargne pas la France, où près d’un adulte sur deux est en surpoids (48,8 %). Environ 18,1 % des adultes français, soit près de 10 millions de personnes, sont obèses. Selon l’étude Odoxa, la région Centre-Val de Loire, avec une prévalence de 21,6 %, est la deuxième région métropolitaine la plus touchée, juste derrière les Hauts-de-France (22,2 %).

La stigmatisation des personnes obèses

L’obésité est associée à un risque accru de mortalité et de morbidité, notamment en raison du diabète de type 2, des dyslipidémies, des complications cardiovasculaires et cérébrovasculaires. Elle entraîne également des difficultés respiratoires et des problèmes ostéo-articulaires, parfois sources de handicap. À ces complications physiques s’ajoute souvent une souffrance psychologique liée à la stigmatisation qui peut se manifester par des commentaires désobligeants, des regards hostiles, des rejets répétés ou des agissements méprisants.

Des préjugés destructeurs

Des stéréotypes négatifs persistent, laissant croire que les personnes obèses manquent de volonté et sont responsables de leur situation. Cette stigmatisation est profondément ancrée dans nos sociétés. Toujours selon l’étude Odoxa de 2020, entre 23 % et 41 % des personnes obèses déclarent avoir subi des discriminations, allant de remarques insultantes à des moqueries blessantes, voire à des comportements humiliants. Ces conduites se retrouvent dans l’espace public, sur le lieu de travail (avec des refus à l’embauche ou des obstacles à l’avancement professionnel), à l’école, dans les cercles familiaux ou amicaux et même parmi les soignants.

Pour une approche globale et bienveillante

Les conséquences de cette stigmatisation sont désastreuses : perte d’estime de soi, sentiment de solitude, difficultés à établir des relations intimes et durables et risque accru de dépression et d’anxiété. Ces préjugés imbéciles ignorent la complexité des facteurs contribuant à l’obésité, tels que la génétique, les troubles hormonaux, les médicaments, et les facteurs socio-économiques ou environnementaux. Imputer la responsabilité de l’obésité uniquement aux individus est non seulement réducteur, mais aussi profondément injuste et néfaste.

L’obésité est une maladie multifactorielle qui nécessite une approche globale et bienveillante. Les politiques de prévention doivent inclure la lutte contre la stigmatisation afin d’améliorer la qualité de vie des personnes concernées et pour favoriser une prise en charge médicale et sociale adaptée.

« Il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé » Albert Einstein


Plus d’infos autrement sur Magcentre :
Nouveaux médicaments anti-obésité : des traitements miracles ?

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Cher Jean Paul
    La responsabilité de l’industrie agroalimentaire dans la production de produits contestables -au regard du combo santé/alimentation- n’apparaît pas dans le tableau tout comme la question de la frugalité, est-ce normal ?
    L’obésité n’est-elle pas une maladie provoquée par la surconsommation et donc l’idéologie capitaliste ?

  2. Vous parlez d’épidémie, l’obésité est elle contagieuse ?
    Vous ne parlez pas des facteurs qui sont à l’origine de l’obésité, dommage !

  3. L’objectif de cet article n’était pas de faire un exposé sur les causes de « l’épidémie mondiale » d’obésité. L’obésité est une maladie multifactorielle mais l’augmentation du nombre de personnes obèses est principalement due à de mauvaises habitudes alimentaires et à une diminution de plus en plus prononcée de l’activité physique.
    Il est clair que les sociétés agro-alimentaires et de supermarchés sont en grande partie responsables de la propagations des fast food, des boissons gazeuses, des aliments préparés particulièrement riches en graisse et en sucre. Après avoir saturé les marchés occidentaux, elles se développent dans les pays en voie de développement (Amérique du sud, Asie, Afrique) où elles dépensent des sommes considérables pour promouvoir leurs produits et modifient les habitudes alimentaires.
    Par ailleurs une étude de Christakis et Fowler montre que l’obésité se développe en réseau et se comporte comme une authentique maladie contagieuse. Ainsi dans les relations mutuelles d’amitié, si l’un des amis devient obèse, la probabilité pour le deuxième de devenir obèse augmente de 171%…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 10°C
    • après midi 14°C
  • dimanche
    • matin 7°C
    • après midi 12°C
Copyright © MagCentre 2012-2025